Disons-le tout net : le 45e président américain est à mon sens un danger public. Il faudrait l’enfermer entre quatre murs capitonnés pour l’empêcher de faire du mal, aux autres pays mais au sien aussi. Il en a encore fourni la preuve récemment : l’homme a eu des propos particulièrement venimeux envers l’Europe. A ses yeux, ce projet-là était en effet voué à l’échec. Des propos comme d’habitude non argumentés et assez ridicules. Pourtant, j’ai été surpris en voyant combien ses idées semblent avoir eu un impact chez certains. Il y a quelques jours, je me suis en effet rendu à Cape Town pour participer à un congrès. Et au cours de la soirée, j’ai parlé de cela avec certaines personnes présentes. Et certains soutenaient les déclarations du sémillant milliardaire ! Pour moi, ceux-là se laissent vraiment avoir grossièrement. Donald Trump malmène seulement le modèle européen afin de nous fragiliser. Ce qu’il veut véritablement, c’est le trépas de l’Europe pour arriver à ses propres fins. Comme Poutine, qui poursuit son oeuvre de propagande en ce sens depuis si longtemps. Les deux ont chacun leurs raisons. Poutine entend exterminer l’écueil européen qui se dresse sans cesse devant lui. Trump, quant à lui, et avec le pragmatisme qui le caractérise, rêve d’isoler chaque pays européen dans le seul but de pouvoir conclure avec lui des partenariats très lucratifs pour les américains. L’application vivante de « America first », en somme. Trump a de l’Europe une vision subjective : tout ce qui l’intéresse, c’est de remporter la mise. Néanmoins, en persiflant l’Europe de la sorte, il manque à mon sens d’une vue d’ensemble de la situation : l’UE importe pour près de 500 milliards de dollars de services américains par an. Faire preuve d’une telle ingérence est donc profondément déraisonnable, comme François Hollande n’a d’ailleurs pas manqué de l’en avertir. Avec le recul, le président américain ne paraît pas avoir une vision très précise de la situation géopolitique : ses provocations donnent souvent l’impression qu’il joue aux mikados avec des moufles. Et du fait de sa bêtise, son mandat sera, je crois, tout sauf ennuyeux. En tout cas, ce congrès était bien agréable. L’organisation était parfaitement maîtrisée, elle, et je vous laisse le lien vers le site de l’organisateur de ce séminaire à Cape Town.
Mois : février 2017
Macron, ses erreurs et sa faute
En cette fin de semaine le caractère scandaleux des déclarations de Macron en Algérie le 14 février, après environ deux jours de stupéfaction, soulève un vague de protestations légitimes que résume le titre en première page du Figaro le 17 février : « Colonisation : Macron provoque un tollé ».
L’avalanche des réponses indignées a atteint un tel niveau de mobilisation qu’on ne cherchera ici ni à les paraphraser ni même à les recenser. On notera simplement que leur répartition dans le champ politique ridiculise le propos psittaciste, tant de fois entendu et répété, selon lequel la droite et la gauche cela n’existe pas. La psittacose ça se soigne (1)⇓.
Depuis un certain temps ses propres supporteurs commençaient à se demander si et quand ils seraient gratifiés du programme de leur candidat et néanmoins favori. L’intéressé lui-même était allé jusqu’à théoriser l’inutilité de l’exercice.
Or, en quelques jours l’ancien inspecteur des finances, l’ancien banquier d’affaires, l’ancien inspirateur économique de Hollande, l’ancien ministre, désormais candidat à la présidence a effectivement démontré dans la pratique que nous n’avons nul besoin de connaître sa plateforme électorale pour savoir à quoi nous en tenir.
Le virage révélateur avait commencé le 4 février par une stupéfiante négation : la culture française, cela n’existe pas. Exit Molière, exit La Fontaine, exit Pascal, exit Racine, exit Victor Hugo, etc. Seuls comptent sans doute les marchés financiers, leur franglais de bazar et les enquêtes par sondages. On se demande même pourquoi les moyens d’information se dispersent en parlant d’autre chose.
Le summum a donc été atteint avec les déclarations diffusées à Alger le 14 février sur la colonisation : « un crime, un crime contre l’humanité ». Sans être dupes de la destination électorale du propos, visant à récupérer le vote communautariste grâce auquel la gauche a gagné en 2012, on se permettra quand même de retenir l’outrage et la sottise de ce jugement.
D’excellents esprits ont pu, par le passé, et surtout en son temps critiquer la politique coloniale, la dénoncer comme une erreur, voire une injustice, souligner son coût, s’indigner des conséquences brutales de certains de ses aspects. Aucun Français digne de ce nom n’avait fait jusqu’ici référence au concept de crime contre l’humanité, dont peut-être Macron, Micron, et Mocron ignorent la portée juridique gravissime.
Sans nous étendre sur les litanies des noms de héros et de saints qui fécondèrent l’Empire, sans nous attarder à l’heureuse invention de la clémentine dans le département d’Oran, sans encombrer le lecteur de fioretti familiales, rappelons quelques souvenirs qui devraient quand même dire quelque chose aux connaissances historiques raréfiées de nos contemporains.
Criminel de guerre Charles de Foucauld ? Criminel de guerre le général Laperrine ? Criminels de guerre le maréchal Juin et les soldats de la Première Armée Française ? Criminel de guerre Savorgnan de Brazza ? Criminel de guerre le maréchal Lyautey ?
Était-il un criminel de guerre Albert Camus recevant son prix Nobel en 1956 et osant se revendiquer comme Français d’Algérie ? L’était-il quand il déclarait qu’entre la justice et sa mère il choisirait toujours sa mère ?
Macron aurait-il osé commettre la même déclaration à propos de l’Empire britannique partout dans le monde où ce bel édifice a laissé en héritage les fruits amers de sa politique de « diviser pour régner » mais aussi cette foule de rentes financières qu’on apprécie encore en la cité de Londres ? On hésite à poser la question.
Une interrogation en revanche ne fait pas mystère : celle de l’incompétence, de l’incongruité, de l’insignifiance de cette candidature à la succession de saint Louis, et même à celle d’Armand Fallières à la tête de ce qui reste de l’État français.
JG Malliarakis
Apostilles
- cf. Tintin au Congo.⇑
Le « revenu universel d’existence » du candidat Benoit Hamon
Mr Benoit Hamon suggère d’accorder un revenu universel de 750 euros par mois de façon généralisée, spécialement de revenu, graduellement à l’ensemble de la population. Son montant annuel au final atteindrait 600 Mrds d’euros, ce qui fait la moitié des charges d’Etat. Le revenu universel est suggéré par des spécialistes que quelques-uns qualifieraient de Thatchériens, souvent en l’accouplant à une taxation relatif au revenu global pour le financer. Une charge au taux de 40 % pourrait par conséquent régler une dépense de 600 Md€. Cette formule, salaire d’existence et un impôt corrélatif, validerait, selon ses artisans, un plan de vie minimal à tout Français mais en l’exhortant à travailler davantage que dans le fonctionnement présent. En effet, tout euro additionnel encaissé par son emploi lui attribuerait 0,62 € après prélèvement alors que, maintenant, il encaisse en net simplement 0.47 € généralement, parce qu’il juge réduire ses indemnités sociales et accroître ses impositions et charges. Pour les spécialistes, ce revenu d’existence changerait un grand nombre des allocations sociales et des charges publics dont l’usage est individualisé. Chaque Français obtiendrait le minimum primordial pour subsister, le suppléerait par une activité professionnelle, le consommerait pour des prestations de son choix et préserverait de façon autonome contre tous les risques, particulièrement les courants risques de maladie. Le cumul des contributions sociales arrivant quasiment 600 Md€, le salaire d’existence n’augmenterait ainsi pas les charges sociales et saurait être acquitté sans revaloriser les prélèvements obligatoires. Il faudrait seulement transformer quelques-uns d’entre eux, particulièrement les prélèvements, par une contribution sociale à 37 %. L’État cesserait d’ intervenir pour délivrer des services aux communautés. Les répercussions de l’établissement d’un revenu d’existence sur l’efficacité des entreprises, la séduction du pays, l’investissement et l’responsabilité, ou aussi la fraude aux impôts et administrative, seraient incroyables. Ce n’est assurément pas le rêve de Mr Hamon, qui n’a pas affirmé la disparition de fonctions de l’Etat. Il est possible de toutefois concevoir que le revenu changerait les minima sociaux (autour de 24 Milliards €) et les allocations familiales (11 Mds euros), chaque descendant y assignant droit, mais ces diminutions de dépenses ne moduleraient pas l’existence de la difficulté : il faudrait augmenter les charges obligatoires d’environ 515 milliards €, donc de 54.5 %. Les implications de la création d’un revenu sur la compétitivité des entreprises économiques, l’attractivité du territoire, la participation et l’responsabilité, ou aussi la fraude fiscale et sociale, seraient affreuses.
Non à l’opération Macron
Tout est fait, c’est désormais parfaitement clair, pour préparer un second tour dont le vainqueur serait presque obligatoirement le candidat issu de l’écurie Hollande, le chouchou des médias, l’homme au programme vide, Macron. Certes quelques naïfs droitiers et centristes, éternels continuateurs de ceux que Beau de Loménie appelait les « grands habiles » misent à nouveau sur cette écurie et son poulain pour promouvoir ce qu’ils appellent les « réformes » sans jamais que soit précisé de quelles dispositions législatives il s’agirait.
Interrogeons-nous d’abord sur l’environnement institutionnel qu’utilise la manœuvre.
Tout est véhiculé bien sûr via les gros moyens de la désinformation, eux-mêmes fabriqués par une corporation qui veut nous faire croire qu’elle est objective, qui se veut intouchable, mais qui vote à gauche à plus de 85 %.
Précisons au besoin que la Cour des comptes quand elle ouvre les dossiers de France-Télévision, c’est-à-dire du cœur de ce quatrième pouvoir dépendant de l’exécutif en tire des conclusions effarantes. Les gens qui prétendent incarner la « morale » ne se l’appliquent certainement pas à eux-mêmes. (1)⇓
N’est-il pas pittoresque de s’interroger quant à une autre partie du pouvoir d’État, l’autorité judiciaire, et donc de se souvenir comment a été constitué le parquet national financier. Celui-ci a été créé par Christiane Taubira en 2014. Garde des sceaux celle-ci y a placé ses amis. Le procureur de ce parquet, Éliane Houlette, était commissaire du gouvernement auprès du Conseil des ventes volontaires. Elle doit sa brillante promotion à la ministre, laquelle a également constitué une équipe de procureurs adjoints et vice-procureurs parmi ses très proches … Rappelons aussi à ce sujet qu’en France, le parquet, et particulièrement le parquet national financier, n’est pas indépendant du pouvoir exécutif.
Les derniers soubresauts médiatiques de la campagne électorale n’ont donc, eux aussi, à cet égard, pas manqué de produire leurs effets sondagiers. Pour la première fois en effet un des deux plus récents sondages, celui commandé par Les Échos et Radio Classique à la société Elabe, plaçait, dès le 1er février, le candidat Macron favori de l’élection présidentielle où il arriverait second au premier tour. (2)⇓
Rien n’étant plus mouvant et plus incertain, en fait, qu’un sondage d’opinion, on ne disputera pas ici de la qualité respective des deux. On se contentera de noter que celui d’Elabe, institut présidé par Bernard Sananès, popularisé par Radio Classique et les Échos entre parfaitement dans le dispositif, réel et non virtuel de ce qu’il faut bien appeler l’opération Macron.
Ce à quoi vise ce mécanisme est vieux comme la cinquième république. Mais, depuis un demi-siècle, le projet n’avait jamais abouti au résultat désiré par ses promoteurs. Depuis le complot de l’Alma puis du cartel des Non de 1962 jusqu’aux premières illusions de la campagne Hollande de 2012 la grande idée de tous ces intervenants a, bel et bien, toujours été de tendre à un retour de la IVe république par une coalition socialo-centriste. Mais comme le pâté d’alouette cet assemblage inégal composera un cheval social démocrate et une alouette centriste voire droitière. Ne nous laissons pas prendre à cette candidature qui ne repose sur aucune doctrine, qui se refuse à développer, pardon à « dévoiler » un programme et qui laisse entendre qu’il acceptera généreusement les voix de la « droite orléaniste » (sic) en passant par « l’écologie réaliste » et le gaullisme social. Il prend cependant bien soin, quand il révèle, chichement, certains points de sa doctrine, globalment secrète, de ménager les pires poncifs du socialisme, tels que l’État stratège ou le modèle social, etc.
Il faut donc dire clairement non à cette opération Macron.
Ne pas se tromper de patriotisme
Les jours et les semaines passent. Et ces derniers temps la campagne présidentielle a doucement glissé vers le caniveau et le feuilleton, perdant l’essentiel de son intérêt.
En ce 13 février on ne pouvait donc que partager le vœu de Nicolas Beytout dans son éditorial de l’Opinion (1)⇓. Il est grand temps que s’organise le débat.
Deux semaines plus tôt, votre chroniqueur imaginait encore que les vraies questions allaient s’imposer, tout simplement parce qu’elles se posent au pays de façon cruciale.
De sorte que, le dimanche 29 janvier, étant cloué devant mon poste de télévision ma curiosité ou mon ahurissement passager m’avaient conduit à entendre l’expression coup sur coup de deux définitions du patriotisme. Je me surpris successivement, en effet, à visionner d’abord, et jusqu’au bout, un petit reportage consacré à Florian Philippot. Après quoi, sur La Chaîne Parlementaire, d’entendre le discours de La Villette de François Fillon.
Depuis ce dimanche, dois-je l’avouer, j’éprouve le sentiment d’avoir absorbé une dose maximale du feuilleton électoral, non que ces deux émissions aient manqué d’intérêt mais parce que visiblement les gros moyens de désinformation n’en ont rien retenu pour l’intérêt du citoyen.
Pour la première partie de cette après-midi dominicale, exceptionnellement télévisuelle, la découverte d’un personnage qui jusque-là ne m’était connu que superficiellement m’a surpris. Au delà de quelques déclarations et prises de positions plus urticantes que vraiment éclairantes, on se trouvait en présence d’une vraie cohérence, celle d’un fils du jacobinisme, venu de la gauche. Il se revendique certes du gaullisme, ce que l’on sait depuis le début, et qui peut faire sourire eu égard à l’histoire d’un parti, fondé il y a près d’un demi-siècle sur la dénonciation de la « vente de la France par De Gaulle en viager au parti communiste ».
Quand on l’écoute de bout en bout, aujourd’hui, on demeure frappé, au contraire, par cette sorte de complaisance, qui s’exprimait dans le programme commun de la gauche rédigé en son temps par Chevènement, un mentor que Philippot ne semble pas vouloir renier.
Quant au second discours, celui de François Fillon, les journalistes moralistes n’ont pas voulu voir que, s’adressant à ses partisans, il n’avait manqué ni de style, ni de détermination, ni de contenu. On nous assure que cet orateur est devenu inaudible : il fut pourtant entendu ce jour-là par des milliers de partisans, peu impressionnés eux-mêmes par les gazetiers et les radioteurs.
À propos de son intervention, qui m’a semblé éloquente, je laisse la parole à Libération du 30 janvier qui écrit : « Le bon discours de François Fillon à la Villette pourra-t-il le sauver ? Le candidat LR a multiplié les formules bien venues, les envolées électrisantes et les confessions tout en retenue vibrante. Le candidat de la droite n’est pas mort, loin de là, et il peut espérer survivre en tablant sur l’amnésie progressive de l’opinion et sur un dossier judiciaire qu’il pourra plaider (c’est à l’accusation de prouver l’emploi fictif). »
Or, ces quelques lignes qui disent pourtant bien ce qu’elles veulent dire, étaient noyées dans un commentaire plus général, basé sur des impressions virtuelles, suggérées par les supputations plus ou moins gratuites avancées, au conditionnel, par d’autres médias.
La vraie question centrale supposerait un examen de l’état réel du pays. Les gens lucides le demandent de plus en plus fortement.
Or, nous nous trouvons à un moment où l’étiquette patriotique a repris une certaine popularité. Elle fonctionne, hélas, à contre sens. Aucun penseur politique n’a plus fortement que Charles Maurras, ni plus intensément que lui, pensé en termes de patriotisme et il y a consacré des pages et des pages dont les meilleures se retrouvent dans son indispensable Dictionnaire Politique et Critique. (2)⇓
Or, contrairement à une partie de ceux qui, aujourd’hui, prétendent qu’ils continuent son combat, le mot véritable dont il habille sa doctrine est celui de nationalisme. Horresco referens nous dit Philippot pour qui nationaliste signifierait vouloir envoyer les chars à Berlin ! Maurras, qui pourtant avait beaucoup de mal à aimer fût-ce « quelques grands Germains candidats à la civilisation » (sic !!!), n’a jamais pensé en ces termes. Son nationalisme lutte contre l’ennemi intérieur, contre la décadence, contre la bêtise : cela fait déjà beaucoup de travail. Le nationalisme intégral, sous sa plume, est celui qui conclut à la nécessité de restaurer la monarchie.
Car le vrai patriotisme ce n’est pas celui du supporteur de l’équipe de France de rugby, c’est celui du citoyen qui se préoccupe de défendre le meilleur programme, les meilleures institutions susceptibles de redresser le pays.
À cet égard Maurras se montra toujours très critique à l’endroit de Paul Déroulède et de sa Ligue des Patriotes qui, sous la Troisième république, militent en faveur de l’élection du président au suffrage universel.
En 1908 il écrit : « L’élection du chef de l’État par le peuple nous a déjà livré en 1848, en 1852, 1870, à ces puissances de publicité et d’argent, à cet absurde gouvernement d’opinion… »« Le dictateur plébiscité est le serf de la ploutocratie comme Roossevelt (3)⇓
ou le serf de l’opinion publique comme Napoléon III. »
En 1909 il va jusqu’à conclure : « il va falloir sauver la France de Déroulède »…
- Les trois volumes sont édités dans la collection Climats chez Flammarion. ⇑
- cf Cahiers de la Quinzaine, n° 11, 1899⇑
- il s’agissait de Théodore Roosevelt… ⇑
Bleu marine
Vous êtes-vous déjà intéressé à l’Histoire qu’on enseigne sur les bancs de l’école ? Eh bien, vous devriez. Car elle pourrait bien changer de ton dans les années qui viennent. Dernièrement, la direction m’a envoyé à Londres pour un incentive, et j’ai pu revnir avec plusieurs participants sur l’une des propositions de la dernière primaire de droite. Pour faire simple, plusieurs candidats (dont Fillon) voulaient purement et simplement remanier les manuels d’Histoire proposés par l’école : ils souhaitaient présenter une version patriotique de l’Histoire de France, où cette dernière serait présentée différemment, comme une terre fondamentalement patriotique et gauloise. En somme, il s’agissait de revoir toute notre Histoire et y introduire une bonne dose de story-telling pour la rendre plus vendeuse. En général, ce qu’apprennent les mômes à l’école ne mobilise pas des masses. A part une poignée de cathos qui se sentent en permanence offusqués, personne n’y prête vraiment attention. Mais ce qui a été proposé est un peu plus important cette fois. Cela participe en fait d’un glissement à l’échelle de la société toute entière, un glissement si global que nous n’y prêtons même plus attention : un glissement vers l’extrême-droite. Ces dernières années, la droite a été en partie absorbée par le Front National. A force de vouloir gratter sur les terres du FN, Sarkozy a fini par laisser la couleur bleu marine teinter fortement son programme, et l’a ensuite laissé se répandre dans la société. Qui aurait pu penser, il y a à peine dix ans, que des politiciens hors FN puissent sérieusement soutenir de refaire l’Histoire afin d’inspirer un plus grand patriotisme chez les élèves ? Un patriotisme réservé aux blancs gaulois plutôt qu’à l’ensemble de notre société multiethnique ? L’on ne peut plus parler de plaire aux voix du Front National : le discours de certains candidats LR a ouvert en grand les portes aux idées du Front National. Et cette diffusion de l’extrême-droite dans les esprits constitue à mon sens un sérieux problème. Il est probable que nous nous en mordions les doigts d’ici quelques années. Soit dit en passant, j’ai adoré cet incentive à Londres. Voilà d’ailleurs l’agence qui l’a mis en place, si vous cherchez des idées pour vos événements.
Laverne
On se retrouve ici chez moi pour envisager le monde tel qu’il est.
La gauche et son retour vers le pseudo-futurisme
Dans sa livraison déjà datée de février la revue « Philosophie Magazine » s’interroge : « De quoi la gauche est-elle malade » ? L’article vedette y est constitué d’un entretien par échange de courriels avec un philosophe que, je l’avoue, je ne connaissais pas jusque-là en la personne de Jean-Claude Michéa. Désormais retiré dans une grande ferme du sud ouest cet ancien professeur de philosophie de Montpellier cultive l’intransigeance vis-à-vis de ces « intellectuels postmodernes de gauche » qu’il appelle à combattre. Après avoir publié une « Impasse Adam Smith » en 2002 et « L’Empire du moindre mal » en 2007, il vient de livrer « Notre ennemi le Capital ». (1)⇓
Le titre pourrait se suffire à lui-même. La thèse centrale est ainsi résumée : « Si l’on veut réellement rassembler la grande majorité des classes populaires autour d’un programme de déconstruction graduelle du système capitaliste – et non pas simplement accroître ses privilèges électoraux, – il faut impérativement commencer par remettre en question ce vieux système de clivages fondé sur la confiance aveugle dans l’idée de progrès »… Car, pense-t-il, ce que l’on considère comme le progrès, aujourd’hui, c’est le contraire de ce en quoi les gauchistes veulent croire.
Au moins, avec un tel penseur, les choses sont claires. Et le lecteur se retrouve en pays de connaissance pataugeant dans les thèses que vulgarise Benoît Hamon dans le cadre de cette assemblée générale de l’UNEF, prolongée pour ne pas dire tardive, télévisée ce 25 janvier, sous prétexte de débattre en vue du deuxième tour des primaires de la Belle alliance populaire.
En fait ce courant d’idées ne remet donc pas seulement en cause ce qu’on appelle la gauche de gouvernement. Comme dans la chanson de Renaud il n’aime pas le travail, la justice et l’armée.
Certains pensent peut-être le problème entièrement nouveau. Déjà en 1899 Rosa Luxembourg concluait un article sur le cas Millerand : « L’entrée des socialistes dans un gouvernement bourgeois n’est pas comme on le croit, une conquête partielle de l’État bourgeois par les socialistes, mais une conquête partielle du parti socialiste par l’État bourgeois. » (2)⇓
Elle répondait à deux articles de Jaurès dans La Petite République.
Ne disons pas que Benoît Hamon n’innove en rien. Il promet par exemple « une police des discriminations »… Ce progrès-là il ne le démentira jamais.
Une légère contradiction semble lui avoir échappé à lui et aux commentateurs, rapporteurs, intervenants et autres radioteurs dont les références ont accablé le débat.
Dire que le travail irait en se raréfiant fait partie de la panoplie ordinaire des pseudo-futuristes. Cet étrange argument fait du travail sinon une denrée ou une matière première, une ressource minière en quelque sorte. Or, prétendre que le besoin de travail n’existerait plus cela revient à dire que nous serions dans la société d’abondance, ce que démentent chaque jour les informations en provenance des favelas, des bidonvilles ou du Sahel. M. Hamon ou ses supporteurs ont-ils entendu parler des personnes âgées en grande dépendance ? Ils ne manquent probablement eux-mêmes jamais de lait : savent-ils comment et à quelle heure des éleveurs laitiers ont la gentillesse de traire les vaches pour eux ?
Les besoins des hommes en biens et services à travers le monde sont encore immenses.
Les pseudo-futurisme de gauche pense y répondre par l’utilisation des robots. Mais pour y pourvoir avec des robots encore faudra-t-il concevoir, construire et commander ces robots. Il est vrai que sur ce terrain M. Hamon ne sera pas d’un grand secours.
JG Malliarakis
Apostilles
- Les trois volumes sont édités dans la collection Climats chez Flammarion. ⇑
- cf Cahiers de la Quinzaine, n° 11, 1899⇑
Le rêve de Polo
Paul Légier
Paul Légier est sculpteur. J’ai déjà eu l’occasion d’écrire ici même tout le bien que je pensais de son travail dans son magnifique atelier du Chemin des Jarres au fond du Vallon des Fleurs (voir mon billet du 2 mai 2014).
Comme beaucoup de Niçois, Paul a été touché par l’attentat du 14 juillet : ce soir-là il a perdu trois membres de sa famille. Meurtri, c’est en artiste qu’il a réagi en imaginant et en réalisant des oiseaux blancs mi-oiseaux, mi-fantômes qui au bout de tiges transparentes s’envolent dans le ciel d’Azur : « Le rêve de Polo ».
Concrètement, il s’agit de quinze colonnes de 2,5 m qui chacune servent de support à une gerbe de 5 ou 6 oiseaux symbolisant les victimes. Bien sûr l’œuvre a pour vocation d’épouser la courbe de la baie sur la Promenade des Anglais.
Ce vendredi, lors d’une rencontre très chaleureuse, Polo nous a présenté son rêve. À nous de l’aider à le concrétiser. Que ce modeste billet soit compris comme une pièce à l’édifice.
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29/1/2017 : le PS se saborde, Federer se sublime
La droite a eu son accident industriel avec Fillon, la gauche aura le sien avec Hamon, apparatchik pur sucre converti au revenu universel. Les électeurs du PS ont donc choisi la gauche de la gauche pour les représenter à la présidentielle.
Si vous ne voulez pas de l’extrême droite, de la droite ultra-libérale, de l’extrême gauche ou de la gauche de la gauche, le choix se restreint. Les candidatures susceptibles de convenir à un électeur social-démocrate partisan d’une gauche de gouvernement ne sont pas légion, c’est le moins qu’on puisse dire. Faites le compte !
Bon ne boudons pas notre plaisir : ce dimanche 29 janvier 2017 rentrera dans l’histoire comme celui qui nous aura révélé que la longévité de Roger Federer était bien supérieure à celle du PS.
Cela dit un type qu’on disait fini qui revient au premier plan après six mois d’arrêt dus à une blessure, cela peut éventuellement donner des idées aux « blessés » de la primaire ! Sacré Fed !
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