En ce qui concerne la sécurité, chacun des fournisseurs de services de cloud public hyperscale travaille selon une conception d’obligation distribuée. Même s’il existe de légères variations d’un fournisseur à l’autre, l’infographie AWS répertoriée ci-dessous résume essentiellement la division des engagements client-entreprise dans le modèle IaaS. En ce qui concerne les versions PaaS et SaaS, limitez correctement les modifications (avec beaucoup plus de responsabilité pour le fournisseur). De nombreux sites Web qui gèrent des informations personnalisées sensibles, telles que les soins médicaux, le financement et les ressources humaines, pour n’en nommer que quelques-uns, sont soumis à des exigences réglementaires strictes concernant la protection des détails dépendants du cloud de la perte ou de l’accès non autorisé, chacun au repos, puis en transit. En général, la législation commune en matière de sécurité de l’information (GDPR) de l’Union européenne, entrée en vigueur en mai 2018, a établi une nouvelle référence internationale en accordant aux résidents de l’UE plus de privilèges que la manière dont leurs informations personnelles sont obtenues, sauvegardées et traitées. Alors que les entreprises de cloud computing ont passé beaucoup de temps dans les accréditations GDPR et de conformité de site, la meilleure responsabilité réside toujours entre les gestionnaires de données et les processeurs. Par conséquent, il y a beaucoup de risques à assurer la protection des possessions dépendantes du cloud d’une organisation, et de nombreuses caractéristiques du cloud peuvent lui permettre d’être plus difficile à identifier et à gérer les vulnérabilités de sécurité (par rapport aux infrastructures sur site). . En particulier, il pourrait être difficile de bien surveiller les infrastructures complexes multi-cloud et hybrides auxquelles les agences adorent actuellement (84% et ~ 60% en conséquence, sur la base du document 2019 RightScale mentionné ci-dessus). Partant de la conviction que l’information, c’est le pouvoir, la première chose à faire pour atténuer les menaces potentielles contre la protection du cloud consiste à bien les saisir, Référencement internet Lille car elles s’appliquent à votre entreprise. En utilisant cette expertise, voici plusieurs techniques de pointe qui vous permettent d’utiliser le cloud sans perte de stabilité.
Si vous êtes intéressé par LINK, veuillez consulter notre page d’accueil.
L’écart entre la perception de la façon dont les magasins se négocient sur le marché des changes et leur performance réelle semble être une circonstance ancienne du «biais de confirmation», la tendance individuelle à s’attaquer aux choses qui valident les croyances pré-actuelles. Au lieu d’être sérieux, l’investissement peut peut-être être mieux résumé comme suit: «Difficile, cependant, ne recevez pas plus mal». Petit à petit, le message passe, conduisant un véhicule très efficace, discutez des récupérations de prix de vente du type de celles vues cette année. Cet espace entre l’impression et le fait continue à être évident pendant un certain temps – au printemps dernier, il était absolument facile d’identifier les tendances à la hausse des revenus et des marges alors que le client britannique commençait à moins stresser. Même dans ce cas, ce sont les alertes de gain et les administrations qui suivent constamment la ligne de tête alors que les suggestions de vente des agents continuent d’être assez nombreuses. Les anticipations sont effectivement faibles pour permettre à l’arène de récupérer davantage. Les dernières études indiquent que les Britanniques sont plus confiants quant à leur scénario économique privé qu’à l’égard des clients potentiels du marché. Il semble que le scepticisme au sujet du Brexit ait néanmoins beaucoup à apporter à la perspective des consommateurs et à l’investissement total dans les logements. En fait, les dépenses d’exploitation ont augmenté d’environ 52,5 milliards de £ en 2018, poursuivant des augmentations très similaires les années précédentes (fournisseur: Lazarus Economics). Lorsque les dépenses consacrées aux véhicules ont diminué pour des raisons architecturales, les familles du Royaume-Uni ont dépensé davantage pour les vêtements, les meubles de maison, les restaurants et leurs animaux en 2017 et 2018. Un puissant secteur du travail, des salaires plus élevés et des modifications fiscales semblent sous-tendre les paiements. Les revenus augmentent avec le niveau le plus rapide, car 2008 a dépassé la vitesse de croissance du coût de la vie qui s’est modérée, glissant à un mois de janvier inférieur à 12 mois. Vers la fin de 2018, divers secteurs à forte concentration de consommateurs, parmi lesquels les magasins généraux britanniques, ont été «déclassés» bien au-dessus du marché plus vaste. En d’autres termes, leurs révélations ont fortement chuté sans modification marquée des attentes en matière de bénéfices sous-jacents, les courtiers étant de plus en plus inquiets, il pourrait y avoir d’autres mauvaises nouvelles. Cela a exacerbé la tendance des entreprises nationales britanniques à sous-performer les salariés britanniques vivant à l’étranger, ce qui se produit depuis 2016. Dans le cas présent, la mise à niveau du trading forex considérant que le début de l’année 2019 n’a pas corroboré ces préoccupations. Un certain nombre de magasins beaucoup plus interrogés ont assuré que l’achat et la vente ne s’étaient pas encore détériorés, même si des titres tels que «Les problèmes de Mothercare s’aggravent à mesure que les revenus diminuent» ne donnent aucune indication à ce sujet. D’autre part, de nombreux experts, par exemple les animaux domestiques chez vous, Dunelm et JD Sports, ont affirmé que leurs ventes avaient fortement progressé, ce qui a permis à sensation de présenter tout ce que nous comprenions sur les dépenses domestiques dans des secteurs particuliers.
Pour plus de détails sur Alexandre 101 visitez notre page Web.
Avant de parler d’autre chose, parlons de l’éléphant dans la pièce. La toute dernière révision officielle du PageRank publique a eu lieu en décembre 2013. En octobre 2014, meilleure agence seo Lille John Mueller de Google a défini ce que nous avions cru comprendre: Yahoo et la barre d’outils Google PageRank étaient légalement obsolètes. Le dernier clou à l’intérieur du cercueil a été récompensé deux ans plus tard, lorsque les moteurs de recherche ont été retirés de la barre d’outils PageRank en regardant le navigateur Internet. , beaucoup de gens roulent des yeux quand ils voient des «nouvelles» à propos de PageRank en 2019.Alors et, de manière compréhensible, beaucoup de gens se contentent de leur contenu pour que PageRank reste un vestige de l’histoire. Mais bien que la barre d’outils PageRank ait disparu, Gary Illyes de Google a vérifié en 2017 que celui-ci est toujours un classement (bien que ce soit certainement l’un des 100 que les moteurs de recherche utilisent). * (Afin d’éviter les frustrations, je vais utiliser l’expression «Toolbar PR» pour parler de la version grand public, qui n’existe plus, et «PageRank» pour décrire la métrique de Google juste derrière les moments.) Nous avons d’autres preuve que Yahoo et Google continuent à mettre à jour et à utiliser PageRank en coulisse: en avril 2018, ils ont mis à jour leur brevet PageRank et en ont déclaré la continuation. Ce n’est pas parce que Google a un brevet qu’ils l’utilisent bien sûr. Si le grand public ne peut plus consulter son score de 1 à 10 sur la barre d’outils PR, mais il ya suffisamment de preuves pour suggérer que le classement PageRank existe toujours et que c’est toujours une mesure qui compte, même. Cela ne veut pas dire que nous devrions l’ignorer complètement ou prétendre que cela n’a pas d’impact sur les classements, même si pageRank est loin d’être la seule mesure qui compte. Cela peut nous amener sur le sujet disponible: que pouvons-nous faire si nous savons que le classement PageRank reste un signal de classement mais que nous ne savons pas quels changements Google apporte à leur algorithme ni quel impact aura le PageRank en 2019? C’est à ce moment-là que les référenceurs appartiennent généralement à l’un des deux camps. Vous n’en tenez pas compte et vous vous concentrez exclusivement sur les paramètres que vous êtes en mesure d’évaluer correctement. Vous savez que cela augmentera votre site Internet (dans ce cas, cet article ne vous sera pas très utile). Vous utilisez une nouvelle métrique en corrélation étroite avec PageRank qui vous aidera à faire des suppositions éclairées et à améliorer votre signal de notation. Nous savons tous qu’il existe toujours (dans ce cas, lisez la suite!). Il n’y a pas de remplacement particulier pour Toolbar PR disponible sans moyen infaillible d’estimer le PageRank. Je ne prévois pas de colporter du gaz de serpent et de vous informer que cela existe. Au lieu de cela, cet article vous fournira un résumé (extrêmement bref) du passé historique de PageRank, expliquera comment il est réellement (ou a été) mesuré, puis abordera une recherche qui montre le lien entre ces solutions et ces classements alternatifs. Nous conclurons avec de nombreux conseils de base qui devraient vous permettre d’améliorer votre PageRank (en théorie, pas moins que). Laissez-nous sauter dans une (douce et courte) réputation de PageRank. Qu’est-ce que c’est exactement PageRank? Si vous connaissiez déjà très bien le référencement au cours des dernières années, vous reconnaîtrez probablement Toolbar PR. La barre d’outils des relations publiques prenait les plus stimulants des moments de mise en marche du PageRank condensés et métriques en un pointage de crédit allant de zéro à 10, qui était clair à comprendre: plus votre nombre est élevé, plus votre page est haute. Qu’est-ce que le PageRank? Selon la version TL; DR, c’est un moyen pour Google de classer les pages Web en fonction de leur importance, en fonction du nombre et de la qualité des liens entrants d’une page. Alors, supposons que votre page ait un PageRank de 10/10 et inclut des liens vers cinq autres pages. Selon la formule originale de Google, 85% du PageRank de votre page serait divisé entre chacune des pages auxquelles vous avez accédé. 8,5 / 5 = 1,7. Ainsi, chaque page recevrait un PageRank de 1.7 / 10 de votre page. (Ceci est un regard vraiment raffiné sur la manière dont le classement de PageRank a été calculé. Je vous recommande de réviser le fonctionnement de PageRank Really Works de Dixon Jones si vous êtes intéressé par les calculs. C’est un passage intriguant.) Soyez suffisant pour dire que chaque fois que les SEO se concentrent sur la « qualité de tout lien » ou « autorité de lien » ou « lien de jus » ou utiliser des termes tels que « tous les liens en arrière ne sont pas identiques », cela peut faire partie de ce dont nous parlons. Bien sûr, Google a considérablement modifié le classement des pages Internet au fil des ans. Il serait irrationnel d’imaginer que PageRank n’a pas connu une progression identique. Néanmoins, il est judicieux que ce concept de base et les objectifs sous-jacents de PageRank soient restés relativement continus au fil du temps.
« Je ne cours pas, mais je vais continuer à travailler, à défendre et à défendre ce que je crois », a déclaré Mme Clinton à la chaîne de télévision News 12 de New York. Il était généralement prévu que Mme Clinton deviendrait la première femme présidente des États-Unis, avant la défaite choquante de M. Trump en tant que candidate démocrate en 2016. Interrogée par News 12 si elle se présenterait de nouveau à une fonction publique à l’avenir, elle a déclaré: « Je ne ne le pense pas. » L’entretien d’embauche est la toute première fois que Mme Clinton réfute définitivement l’hypothèse qu’elle pourrait éventuellement confier à nouveau M. Trump en 2020. Elle a expliqué qu’elle avait parlé à quelques-uns des candidats déclarés aux perspectives démocratiques pour 2020. « J’ai informé chacun d’eux, n’acquérez rien du tout sans considération », a-t-elle mentionné. Mme Clinton a été la première femme candidate à la présidence à réunir un grand rassemblement américain dans l’histoire du pays. Elle était accusée de s’appuyer excessivement sur de riches donateurs, trop proche de Wall Street et hors de contact avec les électeurs plus jeunes, bien que son accession à la haute direction soit largement considérée comme quasi garantie. Elle a été pillée sans relâche par M. Trump, qui a encouragé les foules lors de la campagne électorale à chanter « Lock her up ». Sa défaite a encouragé une période de recherche de soi pour le rassemblement démocratique, qui se prépare maintenant pour un défi majeur ouvert qui comprend déjà plus de 10 prétendants annoncent une opération. Le sénateur du Vermont et Bernie Sanders, finaliste principal des démocrates en 2016, est peut-être le démocrate le plus à jour qui ait jeté son chapeau dans l’anneau de diamants. Le nom de M. Sanders et la reconnaissance de son soutien parmi les membres du parti conservés l’ont propulsé vers l’entrée dans le peloton. Il rejoint le sénateur du Massachusetts Elizabeth Warren, qui a été le premier titre important à déclarer une œuvre, ainsi que le sénateur du New Jersey, Cory Booker et la sénatrice de Californie, Kamala Harris. Kirsten Gillibrand, sénatrice de la Grosse Pomme; Le sénateur du New Jersey, Cory Booker; La sénatrice du Minnesota, Amy Klobuchar; le maire de San Texas et Antonio, Julian Castro; ainsi que le maire d’Indiana and Bend, Pete Buttigieg, qui semble être la toute première personne ouvertement homosexuelle à se produire pour le rôle de leader. La plupart des labels dont on parle le plus doivent toutefois déclarer leurs objectifs. L’ancien vice-directeur général, Joe Biden, envisage un travail. Il apprécie la reconnaissance de la marque la plus efficace du pays et les experts affirment qu’il ferait un bond aux autres candidats pour atteindre le sommet des sondages précédents s’il devenait candidat. Beto O’Rourke, un ancien membre du Congrès de Tx qui avait suscité l’intérêt du pays alors qu’il organisait une compétition serrée entre le Sénat et le républicain en exercice Ted Cruz, a gardé les fans et les donateurs probables en attente depuis qu’il pèse sur ses alternatives. M. O’Rourke a présenté au Sénat une stratégie inhabituelle, publiant des mises à jour inédites de sites Web sociaux alors qu’il parcourait les 254 comtés à l’intérieur de l’express, alimenté par des milliers de dollars en contributions modestes.
Emmanuel Macron a mentionné qu’il souhaitait contrôler comme le Romain notre dieu Jupiter, en restant au-dessus de la mêlée des émissions gouvernementales. Mais au-dessous de quatre-vingt-dix jours du bureau du président français, les numéros de téléphone de son sondage prouvent à quel point il est mortel. Un sondeur dépendant du Royaume-Uni, YouGov, a signalé une baisse en six étapes du score d’autorisation du jeune dirigeant, qui est passé de 43% à 36% au cours du mois de juillet. Le sondeur français Ifop a connu une baisse identique au sein de la même période, mentionnant que: « Mis à part Jacques Chirac en juillet 1995, un nouveau directeur exécutif n’a jamais vu son taux de reconnaissance chuter aussi rapidement pendant la période estivale une fois la sélection effectuée. » En juin, les deux Macron et son ministre parfait, Édouard Philippe, ont constaté que leurs taux d’approbation étaient passés de 62 à 64% et de 55 à 64%, respectivement. Cependant, le degré de popularité n’est pas totalement en dehors de la tradition. Le président précédent, François Hollande, adorait une autorisation de 56% à la même période de sa présidence; son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, était supérieur, avec un pourcentage de 66%. Ce qui est peut-être le plus inhabituel est simplement le temps écoulé depuis que Macron a été accepté. Sa présidence a profité de nombreuses améliorations au début, notamment de réunions importantes avec des dirigeants étrangers, tels que le directeur général Trump (tous deux impliqués dans une poignée de main désormais bien connue, que Macron a ensuite acceptée, avait pour but de révéler qu’il ne ferait aucune concession). et le Russe Vladimir Poutine (au cours duquel Macron a publiquement accusé le multimédia européen d’être «des agents d’influence et de propagande»). Le récit diplomatique de Macron (la France figurait au premier rang des forces les plus douces au monde dans une enquête annuelle dépassant les deux États-Unis et la Grande-Bretagne) a été de nature à réduire les problèmes à la maison. Le politologue de l’Ifop Jérôme Fourquet a expliqué que le public français français avait suscité l’engouement pour la nomination de Poutine aux propos de Trump et de Poutine. Aucun des deux innovateurs n’est préféré. Mais il a également attribué la baisse de popularité de Macron à son intention de réviser le code du travail du pays. En plus de son budget proposé de 850 millions d’euros, le transfert du budget de protection de cette année a provoqué la démission de Common Pierre de Villiers, le chef de l’armée française. « Il a fait campagne sur l’idée de perdre son statut de poids français, essayant finalement de l’aider à devenir beaucoup plus compétitif », docteur. David Lees, un chercheur du Warwick College spécialisé dans la politique nationale française, me l’a dit. « Ces problèmes vont rester impopulaires, car ils impliqueront un bouleversement de la manière dont la France fait des affaires. » Ce bouleversement implique, entre autres, de réduire le nombre de législateurs français d’un tiers, de réduire les dépenses publiques et en appliquant plusieurs réformes monétaires utiles au marché (y compris de nouvelles directives offrant aux organisations une plus grande flexibilité pour employer et inciter des employés).
Le leader américain Donald Trump a critiqué mercredi le niveau occidental de la sélection de la concurrence à 5 milliards de yuans mercredi, exprimant que l’UE a expérimenté « une bonne chose sur les Etats-Unis » Il a écrit jeudi sur Youtube: « Je vous ai informé! un bien de 5 milliards de dollars sur l’une de nos merveilleuses entreprises, Google, qui ont vraiment profité des États-Unis, mais pas trop longtemps! Trump semblait utiliser le bien antitrust comme un outil dans le conflit de l’industrie en cours avec le Western Union. Mercredi, il est vulnérable « rétribution incroyable » contre l’UE, sauf quand le bloc croit aux grandes concessions de l’industrie. Il est corrélé avec la détermination du Commissaire à la concurrence de l’Ouest à de grands moteurs de recherche la plus grande sanction antitrust nivelé sur une seule entreprise, plus que son abus de la proéminente plate-forme cellulaire Google android. Margrethe Vestager déclaré moteurs de recherche expérimentés utilisé son logiciel mobile préféré pour sauvegarder sa position de recherche. La recherche a débuté en 2015, avant de faire la cour à la présidence de Trump de plus de 12 mois, et ce n’est pas tout de suite lié à l’achat et à la vente entre les États-Unis et l’Union européenne. Vestager a été interrogé sur Trump mercredi, étant donné le cadre d’anxiété croissante entre votre UE et les États-Unis. Un journaliste a cité Trump, qui a déclaré au président de Western Payment, Jean-Claude Juncker, lors de la réunion du G7 le mois dernier: « Votre femme fiscaliste déteste les Etats-Unis. » Vestager plaisantait à quel point le document était juste à moitié vrai. « Je travaille vraiment ensemble avec l’impôt sur le revenu et je suis une fille dans l’ordre qui est tout à fait approprié », a-t-elle déclaré, mais en plus: « Je ressemble à l’Amérique ». Trump intensifie sa rhétorique contre le syndicat, décrivant l’UE comme un «ennemi» de vos États-Unis. Trump a imposé des tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium importés de votre UE, et envisage également de les étendre pour impliquer les voitures. Le leader est le résultat d’entretiens avec le directeur général de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avec la Résidence de couleur blanche après ces quelques jours, où il pourrait choisir de parler du bien de Yahoo une fois de plus.
La modification selon le Président Emmanuel Macron vise également à rénover l’origine de l’homme politique français. Terminé le métier à vie, incarné par un François Mitterand, place au représentant qui travaille entre diverses activités professionnelles à la fonction de parlementaire en activité pour le intérêt général. À l’image du président Emmanuel Macron qui entend réaliser l’exercice en 2 mandats de cinq ans. Après, on passe à autre chose. C’est cela la nouvelle démocratie neuve selon En Marche. Mais pas question de s’arrêter là. La majorité présidentielle souhaite montrer cette modification de mode de penser dans dans la loi sous la déclaration anodine: “interdiction du cumul de plus de trois mandatures similaires à la suite”. l’opinion est satisfait. D’après l’IFOP, les Français sont à 93% d’accord avec ce précepte. Il était d’ailleurs écrit en toutes lettres dans le projet de programme électoral du candidat Macron. Comment expliquer alors le bruit des partis politiques présentés à l’Assemblée nationale et au Sénat, exceptés parti présidentiel et le MoDem de Bayrou? Car c’est cheminer à l’encontre une symbolique puissante. Le souhait de sanctuariser le CDD pour les élus du pays affaiblit ainsi le choix de fonctionnement du législatif. Ainsi, les citoyens doivent maintenir la possibilité de nommer ceux qu’ils veulent autant de fois que nécessaire. Cependant, la professionnalisation du personnel politique, qui s’acquiert avec des mandatures, est une caution de compétence face à un président puissant. Dans une France marqué par le manque d’équilibre des pouvoirs au détriment des Assemblées, la faiblesse des élus n’est pas engageante. L’enjeu derrière le mirroir démagogique de la modification de la consitution à venir. En Marche a évidemment d’excellents arguments à opposer à cette inquiétude. La modification de monde s’appuie sur les concepts non-cumul des mandats (déjà en vigueur), réduction du nombre de représentants, limitation des mandats dans le temps à trois dans tous les cas.
« Vous n’avez pas le droit de mépriser le présent. »(Baudelaire)
Le passé est vivant. Il vit en nous. Non pas parce que nous en sommes le résultat effectif, mais bien plutôt parce que nous l’interpellons pour vivre aujourd’hui, et croire en demain. Cela n’a peut-être jamais été aussi vrai que dans le cas de la révolte populaire palestinienne déclenchée le 9 décembre 1987 et dont le nom — Intifada (« soulèvement », en arabe) — est entré dans l’histoire comme dans les dictionnaires.
Jamais cette Intifada n’a été aussi vivante qu’aujourd’hui, au moment où l’on célèbre son trentième anniversaire. C’est le sentiment qui ressort, en tout cas, du colloque intitulé « L’Intifada de 1987, histoire et mémoire », organisé par l’Institut d’études palestiniennes du 24 au 30 novembre dernier, en collaboration avec le centre culturel et artistique Dar Al-Nimer. Se jouant des frontières, il s’est tenu dans trois villes, trois agoras, à la fois : Birzeit (Ramallah), Gaza et Beyrouth.
« Al tarikh mazal hayy » (« le passé est toujours vivant »), pouvait-on entendre répéter, encore et encore, comme une incantation.
Parmi les questions principales abordées au cours du colloque et des discussions afférentes figuraient les problématiques essentielles du métier d’historien, plus précisément les paramètres temporaux et spatiaux qui permettent de dégager le sens de l’« événement » — ici, une rébellion née du refus d’une occupation militaire et de l’abduction d’un territoire. Mais d’autres acteurs entrent également en jeu : le militant politique, notamment, ou l’artiste engagé, à l’image des intervenants de la session « Intifada et culture », qui ont réfléchi aux thématiques telles que « L’Intifada comme événement artistique » ou « Le dilemme de la scène finale dans un film sur l’Intifada ».
Quand l’Intifada commença-t-elle exactement, et quand se termina-t-elle ? Était-ce une révolte spontanée ou une insurrection planifiée ? En quels lieux se déroula-t-elle ? Quels rôles jouèrent l’« intérieur » (les territoires occupés) et l’« extérieur » (l’Organisation de libération de la Palestine, basée à l’époque à Tunis) ? Et quid de l’« intérieur de l’intérieur » (« Dakhil Al-Dakhil », selon la formule de l’avocat Mohammed Miari), c’est-à-dire les Palestiniens d’Israël (dits « de l’intérieur ») ? Sans oublier l’« extérieur de l’extérieur » (les réfugiés et la diaspora), comme l’ont fait remarquer plusieurs intervenants du volet beyrouthin du colloque, rappelant que les communautés de Palestiniens en exil ne pouvaient se confondre avec les dirigeants politiques et leurs décisions…
Peut-on comprendre la stratégie populaire et non armée de l’Intifada de 1987 en faisant abstraction de la lutte armée et de la guérilla menée par les fedayins dans les années 1960 et 1970 ? Comment saisir cette insurrection dans sa spécificité, sans la séparer du vaste mouvement de résistance contre la colonisation qui dure depuis cent ans ?
Dès les premières discussions, la question du nom et de l’événement a été mise en avant : pourquoi parler de « première Intifada », alors qu’il y a eu par le passé de nombreux soulèvements de masse en Palestine, celui de 1987 s’inscrivant, à sa façon particulière, dans la continuité d’un mouvement irréductible de résistance au colonialisme ? Il vaudrait mieux, comme l’ont suggéré certains, parler de « grande Intifada populaire », en écho, notamment, à la « grande révolte » de 1936, ancrée dans la mémoire collective palestinienne (1). Et si ce n’était pas la première, ce ne sera certainement pas la dernière, ni même l’avant-dernière… Car, sans l’ombre d’un doute, bien que les questions abordées lors de ce colloque étaient souvent des questions d’historiens, elles parlaient d’abord du présent, et elles se conjuguaient surtout au futur. Questions d’historiens, donc, mais pas d’antiquaires.
Prendre l’année 1987 pour point de départ constituerait ainsi un déni des multiples luttes qui ont été conduites par les Palestiniens au cours des décennies précédentes, et cautionnerait le discours — désormais hégémonique — sur la logique des « négociations de paix ». Surestimer le poids de l’« intérieur » serait aussi une forme de dénégation du rôle, souvent primordial, qu’ont joué les réfugiés et la diaspora dans la geste palestinienne.
L’une des choses les plus frappantes au cours de ce symposium fut l’entente générale — malgré certaines dissensions, et parfois quelques accrochages — qui régnait entre les différents représentants ou sympathisants des partis politiques palestiniens. Islamistes, nationalistes, socialistes et indépendants se sont tous accordés sur les enjeux cruciaux auxquels doivent faire face les Palestiniens et sur le modèle que constitue l’Intifada de 1987, qui peut être vue comme une métonymie de la révolte. Le signe, sans doute, de la situation d’urgence dans laquelle se trouve le peuple palestinien, mais peut-être aussi le présage d’une nouvelle ère qui s’ouvre.
En détournant le mot célèbre de Nietzsche sur l’art et la réalité, nous pourrions dire qu’en Palestine (et ailleurs), « nous avons besoin de l’histoire pour ne pas périr du présent. »
La mort de Johnny Hallyday a déclenché une vague médiatique à la hauteur des événements les plus dramatiques. Le 6 décembre 2017, les commentaires en boucle coupés par les directs, les témoignages de proches et les micro-trottoirs des fans se succédèrent sans discontinuer sur toutes les ondes : chaînes d’info… en continu, immédiatement suivies par les chaînes d’info générales puis par la presse écrite. Le déluge continua les jours suivants, relancé par un hommage national retransmis en direct et un « dernier voyage » aux Antilles. Les titres étaient à la hauteur de l’évènement : « France en deuil », « France en larmes ». Les commentateurs redoublaient l’unanimité par leurs explications : la France était en deuil parce que le défunt était une « idole », voire un « héros », etc. On se sentait ainsi un peu seul si l’on ne ressentait aucune tristesse. Était-on même tout à fait français ? Dès le premier jour de ce deuil médiatique, les solitaires découvraient pourtant qu’ils l’étaient moins lorsque, rencontrant des amis, ils partageaient agacement et ironie. Il est probable que ces dissidents étaient socialement proches mais, à l’inverse, les endeuillés n’étaient-ils pas surtout membres du showbiz et les fans plutôt des septuagénaires des milieux populaires ? En tout cas, il n’y avait nulle unanimité.
Lire aussi , « Les médias reflètent-ils la réalité du monde ? », Le Monde diplomatique, août 1999.Comment ce déferlement unanimiste avait-il pu se développer contre la vérité et la raison ? Encore une fois, on se trompait d’objet en croyant que l’information enregistre simplement l’importance des événements et parle forcément des choses qu’elle désigne. Les médias étaient bien en peine de voir qu’ils fabriquaient eux-mêmes cette unanimité d’images et de papier. Était-ce encore de l’information que ces images et commentaires diffusés pendant une semaine, jusqu’à la tombe antillaise ? En attendant les suites du récit funèbre où, « avec du recul », viendront les documentaires sur la carrière du chanteur et les confidences des intimes. Les médias se sont comportés comme des entreprises de mobilisation. Un rôle habituel mais dénié.
L’industrie de l’irréalité
Dans les dystopies les plus classiques, l’ordre totalitaire est notamment assuré par la propagande. Dans Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley, la mise en condition totalitaire s’impose par la profusion de l’information et précisément par celle des images diffusées par les murs écrans tandis que, dans 1984 de George Orwell, Big Brother règne par le contrôle strict d’une information unique. George Orwell était sans doute plus réaliste au regard des régimes totalitaires qui avaient occupé le XXe siècle, Aldous Huxley plus prophétique en anticipant l’ère télévisuelle et numérique de l’inflation des canaux et des messages. Le traitement médiatique de la mort de Johnny Hallyday a donné une version hybride de cette tutelle en associant une multiplicité des médiateurs et une uniformité du message. Tous ces médias, chaînes de télévision ou de radio, et même la presse écrite, moyennant quelques variations, titraient sur la mort de Johnny — seul le quotidien La Croix titrait sur l’annonce du déplacement de l’ambassade américaine à Jérusalem par Donald Trump. La communion avec autrui, le bien par excellence disait Emile Durkheim, tel fut le spectacle que donnèrent les médias, quitte à mépriser tout le monde, les spectateurs sommés de clamer leur amour ou rejetés dans le néant. Il fallut attendre plusieurs jours pour entendre quelques voix dissonantes.
Lire aussi , « Des chaînes « tout info » bien peu dérangeantes », Le Monde diplomatique, juin 2007.George Orwell et Aldous Huxley n’avaient pas fait l’autopsie du régime de conditionnement supposant implicitement qu’il fallait chercher du côté du pouvoir politique totalitaire, une puissante administration tirant les ficelles de la soumission. À commencer par celle des producteurs d’information. Rien de tel ici. Il faut donc expliquer comment les médias ont mis en musique une partition du deuil unanime, sans poste de commandement, en quelque sorte spontanément. Si l’on en croit les justifications professionnelles, la hiérarchie de l’information serait déterminée par l’importance de l’évènement. Tant pis si cet objectivisme de l’information ne résiste pas aux épreuves les plus simples. Rien de plus solide qu’une idéologie professionnelle que les professionnels démentent volontiers en privé mais qui est commode pour se préserver. Comment les médias ont-ils pu être si unanimes face à un événement dont beaucoup de journalistes auraient convenu qu’à titre personnel, ils s’en fichaient ? Cette forme de coordination se trame dans les salles de rédaction où les uns et les autres réagissent selon ce que disent et montrent les uns et les autres. Il faut voir les murs d’écrans diffusant les images de la concurrence dans les studios de télévision et les exemplaires de journaux dans les bureaux des radios et de la presse écrite pour comprendre cette situation d’interdépendance tactique élargie (Thomas Schelling) où la vision que se font les uns dépend non seulement de la vision des autres mais de ce qu’on croit être la vision de l’autre. Et inversement. Contre tout le bon sens libéral du pluralisme de l’information, il faut alors expliquer comment l’information peut être d’autant plus uniforme que se multiplient les moyens de communication.
On n’a même pas entendu les critiques les plus banales de l’instrumentalisation des médias par les pouvoirs politiques et de l’aveuglement de journalistes ne sachant pas ce qu’ils font. En l’occurrence, les journalistes ne sont pas des instruments du pouvoir, ils en sont des acteurs. Et s’ils ne sont pas plus conscients que d’autres de ce qu’ils font, ils ne sont donc pas, ou pas complètement, des « idiots utiles ». Les relations interpersonnelles les associent aux dirigeants politiques qu’ils fréquentent, tutoient et parfois épousent mais par leur action au cœur des mécanismes de pouvoir. Pas seulement un personnel auxiliaire mais un personnel informel de l’État. Et si on reproche parfois la pusillanimité des interviews aux politiques, est-ce parce qu’ils obéissent ou parce qu’ils sont d’accord ? D’accord sur les façons de concevoir la politique et d’ailleurs déjà largement familiers d’un milieu d’interconnaissance. Ce nouveau clergé séculier organise les grandes célébrations d’État comme l’ont été les cérémonies en hommage à Jean d’Ormesson et à Johnny Hallyday. D’autant plus qu’ils ont accédé eux-mêmes à la célébrité comme c’est de plus en plus le cas pour une frange supérieure de la profession. Notamment dans la presse télévisuelle où la quasi ubiquité de certains visages vaut une renommée quasi automatique. L’attraction de la profession pour les jeunes candidats aux écoles de journalisme participe aussi à la quête de cette réussite particulière qu’est la notoriété. La télévision est devenue rapidement cette machine à la produire pour ses propres acteurs autant que pour les politiques, les gens de spectacle et quelques autres. « L’industrie de l’irréalité » a gagné en… réalité. Elle l’est aujourd’hui surtout pour ses personnels qui occupent de plus en plus l’espace médiatique, avec des journalistes invitant des confrères, et réciproquement, et d’autres personnalités du showbiz, du sport et de la politique qui font le tour des studios, en mettant même en scène des querelles intestines.
Lire aussi , « Aux dîners du Siècle, l’élite du pouvoir se restaure », Le Monde diplomatique, février 2011.Cette promotion collective d’une profession dans la hiérarchie sociale se mesure à la place des journalistes en d’autres arènes comme les cercles de puissants : ainsi les diners du Siècle comprenaient 17 journalistes sur 100 membres. De même, la réussite de quelques-uns amène les subordonnés à s’identifier à leur patron, quitte à espérer leur succéder, comme en politique — avec les assistants qui se présentent par leur proximité moins à une émission qu’à son animateur ou producteur inévitablement connu. C’est cette notoriété qui constitue le lien, le crédit, bref ce qui permet la coordination sociale.
Parler d’un clergé séculier n’est pas métaphorique seulement par la fonction d’officiant — ceux qui officient aux cérémonies ordinaires (interviews, invitations) ou exceptionnelles (obsèques) — si on considère que cette économie de la domination fondée sur la célébrité rapproche d’un néo-protestantisme qu’on pourrait dire laïc, car la transcendance n’est pas située dans un dieu identifiable mais suggère une providence indéfinie. Comme le protestantisme et spécialement Calvin avaient rendu un grand service à la bourgeoisie capitaliste en faisant de la réussite matérielle le signe de la grâce divine et l’avait ainsi désinhibée des soupçons chrétiens pesant sur l’argent et le profit, l’économie de la célébrité soude ses bénéficiaires par cet entre-soi où chacun bénéficie du réconfort des autres célébrités rassemblées dans une communauté d’élus. En même temps, la célébrité comme forme de la réussite sociale, signifiée par un nom, opère selon les schèmes de l’individualisme puisqu’il s’agit de la forme la plus personnalisée de la réussite, celle où la célébrité parachève le triomphe de l’individu.
La doxocratie
Comme d’habitude fascinés par l’apparence, en dissertant sur les idoles et les héros, les commentateurs n’ont pas vu que Johnny n’y était pour rien. Il n’y eut guère d’exception sinon pour dénoncer ou bouder. Un peu de temps après, quand même et au titre de la célébrité. Les politiciens furent assurément les plus gênés même s’ils ne partageaient pas les mêmes raisons : il ne fallait pas braquer d’éventuels électeurs. Certains n’évitèrent pas le ridicule en comparant le défunt à Victor Hugo ou à la tour Eiffel. Plus rares furent ceux qui tentèrent de comprendre en s’emparant de l’entreprise de la campagne de presse comme d’un révélateur. Ainsi Régis Debray qui, en retrouvant des souvenirs de vieux marxiste, lisait une configuration de classes où les élites composites rassemblées par la notoriété fondent leur domination sur les classes culturellement les plus modestes. Une « oligarchie populiste » résumait-il non sans quelque pertinence. Oligarchie ? Le terme n’a cependant guère d’autre vertu que de démentir un démocratisme naïf tant tous les régimes politiques sont sociologiquement plus ou moins oligarchiques. Bien des choses changent cependant selon qu’il s’agit d’oligarchie autoritaire ou d’oligarchie pluraliste. Sans que cela interdise de s’interroger sur les apparences. Quant à « populiste », l’emploi est plus flou tant la destination d’une stratégie ne suffit pas à résumer un ordre politique. Il n’est d’ailleurs pas certain que cette stratégie en interdise d’autres selon les circonstances. Et si cette stratégie « populiste » caractérise bien le travail de domination, encore faut-il qu’elle soit efficace et que les dominés soient bien dominés. Derrière le spectacle de douleur unanime donné par les médias, combien de fans endeuillés, de badauds curieux et d’indifférents absents ? Sans oublier qu’on peut endosser les personnages successivement ou simultanément. Assaillie par les messages de condoléances de ses amis, une fan du chanteur réagissait avec un bon sens que d’aucuns jugeraient « populaire » : « Faut pas exagérer, ce n’est tout de même pas mon père ou ma mère qui vient de mourir ». On pourra discuter sur le nom à donner à cet ordre politique nouveau.
Il faut alors regarder du côté des maîtres apparents du jeu, les détenteurs du pouvoir. On comprend aisément que des dirigeants politiques s’emparent des occasions de popularité, s’approchent intimement des personnages publics censés leur donner accès aux bénéfices de leur propre popularité, journalistes et membres du showbiz. Tout cet univers est caricaturé par une mesure annuelle de popularité dont le classement mêle acteurs, chanteurs, journalistes et politiques. Cette année encore, le premier fut un chanteur retraité depuis quinze ans qui a demandé qu’on lui fiche la paix. Cette galéjade, à elle seule une démonstration, n’en est pas moins commentée, sans rire, par la plupart des médias. Il est des indices plus sérieux de cette confusion entre le réel et l’irréel, ils se sont multipliés depuis qu’un acteur de cinéma (Ronald Reagan) est devenu Président des États Unis, avant qu’un autre le devienne à son tour grâce à une fortune bâtie sur la notoriété (Donald Trump). Il ne faut pas omettre les alliances matrimoniales qui amènent des dirigeants politiques à épouser des actrices ou des mannequins. Autant que d’une hypergamie traditionnelle et toujours actuelle où les puissants — des hommes forcément — épousaient des femmes d’un milieu plus modeste mais belles, elle relève d’une endogamie où l’on partage le même milieu, les mêmes situations et donc les mêmes relations. La rubrique matrimoniale mondaine a élargi l’espace de la pipolisation au-delà du cercle des aristocraties et du showbiz au monde politique et, longtemps cantonné aux cérémonies privées, a débordé les frontières des manifestations publiques, réceptions officielles ou hommages funèbres.
De là à se rendre à deux cérémonies d’hommage funèbre à la suite, comme l’a fait le président de la République, il n’y a pas qu’un calcul intuitif sur l’exploitation émotionnelle d’un deuil mais aussi les sondages qui ont mesuré en quasi instantané l’émotion suscitée par ces deux morts dans le public. Dans le public ? Du moins dans ces échantillons de sondés semi-professionnels qui sont régulièrement appelés à donner leur opinion. Difficile d’imaginer qu’ils ne se déclarent pas émus par le décès d’un vieux monsieur au yeux bleus et par celui d’un chanteur populaire dont l’information rapportait la lente agonie. Nous n’aurons pas droit à ces sondages confidentiels rangés dans les archives du Service d’information gouvernemental pour y dormir à l’abri de toute investigation. Les commanditaires s’y fient-ils ? Il est difficile de le croire, et pourtant… La crédulité des politiques est d’autant plus encouragée que la cote de popularité du Président de la république a accusé une hausse forte et inédite. Elle fut immédiatement attribuée à un « effet Johnny ». Peu importe que l’émotion soit initialement réelle ou pas, elle le devient sous l’effet des médias qui la mettent en scène et recrutent des agents d’émotion ponctuels parmi des gens sincères, amis et fans. Peu importe même qu’elle soit durable ou brève. Elle sera entretenue en attendant une autre occasion. Dans le cas de Johnny, la France éplorée le demeure sur les ondes sans faillir. Inventant un peuple de fans inconsolables. En l’occurrence, il est probable que ces fans resteront très minoritaires. Ainsi va ce régime que l’on pourrait appeler doxocratie puisqu’il fonctionne par la fabrication de l’opinion.
Un étrange silence
Pourquoi cette combinaison sociale, cette formule de domination est-elle anti-démocratique ? On se limitera ici à une dimension particulière d’une menace générale sur le pluralisme de idées et des élites. La vague unanimiste opère comme un contrôle social redoutable. Les voix dissonantes sont dissuadées par la vague médiatique qui incite plutôt au silence tant elle paraît inexorable parce qu’elle est immense et ramène les individus à des entités négligeables mais aussi parce qu’elle est décourageante de grégarité. Pour ne pas dire de bêtise. Le mot est lâché. Comment peut-on émettre un point de vue critique qui semble englober tant de gens — même en prenant des précautions et soutenir un raisonnement aux antipodes des émotions brutes sans être déjà coupable de morgue et d’arrogance ? Sur les réseaux sociaux, piloris et potences seront dressés. Aucune précaution ne saurait y suffire. Cela n’est évidemment que métaphore et ne comporte aucun danger réel, c’est-à-dire physique. La prévisibilité n’en souffle pas moins la question : à quoi bon ?
Lire aussi , « Critique des médias, une histoire impétueuse », Le Monde diplomatique, avril 2016.Critiquer les dirigeants politiques, rien de plus facile en démocratie parlementaire. En principe. Et il est vrai qu’ils ont droit à des volées de critiques, parfois injustes. Critiquer les médias est une activité banale mais difficile dans les médias eux-mêmes. Critiquer les journalistes est encore plus ardu, même si tous les journalistes ne sont pas également concernés. Dans une profession qui se sent souvent critiquée, voire mal aimée, les nerfs sont à fleur de peau et les réactions souvent corporatistes. Critiquer les personnages du showbiz est d’autant plus difficile que leur statut de saltimbanque semble les mettre à l’abri puisqu’ils jouent des rôles ou chantent, avec talent ou non. Privilège d’artistes. Et s’ils s’expriment politiquement, s’ils ont des amitiés politiques, comment leur dénierait-on les droits communs des citoyens ? Ces relations se multiplient-elles, s’intensifient-elles jusqu’aux mariages et autres relations d’intimité amoureuse, familiale ou amicale qu’elles sont protégées par le statut de la vie privée, même si la presse people en fait ses colonnes et les conversations mondaines ses rumeurs. Enfin, objecte-t-on, si cela fait les unes c’est bien parce que le peuple apprécie. Ce présupposé a d’ailleurs organisé la coordination de la célébration funèbre. Et si les foules adorent, comment les en priver ? Et quel cuistre se permettrait-il de mettre en cause le mauvais goût des gens simples ? Des vaniteux forcément. Et si, conscients de la difficulté et malgré tout soucieux de porter le regard critique, ils redoublent de rigueur argumentative, de références, ils se dévoileront. Des intellectuels forcément. Ainsi, sentant les vents mauvais, les critiques, les esprits chagrins et les misanthropes se taisent. À quoi bon ? se disent-ils. Moins par crainte des insultes que par lucidité sur l’avenir. Les répliques de la vague médiatique perdurent, à en juger par l’apparition régulière de Johnny sur les écrans et des révélations décalées dans le temps ; l’industrie de l’irréalité a un avenir radieux. À la vitesse où les célébrités meurent, il y aura bien des hommages funèbres à concélébrer.
Gérôme, « La Vérité sortant du puits armée de son martinet pour châtier l’humanité », 1896
« Alors les Décodeurs se réveillèrent, et ils virent qu’ils avaient l’air con… »Lamentations, chapitre 2, verset 2 (révisé)
Par un effet de retour, que deux innocents grecs, Jocaste et Laïos, avaient bien expérimenté en leur temps, voilà donc les Décodeurs victimes du tragique destin qu’ils ont eux-mêmes consciencieusement œuvré à mettre en branle. L’histoire commence comme la charge de la brigade légère (ou lourde ?). La vérité est en danger, elle appelle à la rescousse. Mais qui pour lui venir en aide ? Qui sinon des vocations pures ? La presse libre et indépendante, la presse démocratique. Elle vole au secours.
On en était là de l’épopée, les Décodeurs assuraient la maintenance de la vérité en régime de croisière, bref les choses allaient gentiment leur train, quand plus sérieux qu’eux arrive leur indiquer d’autres manières : la distribution des gommettes faisant un peu léger, on y mettra maintenant les moyens de l’État.
Et voilà comment on se retrouve avec un projet de loi sur les fake news (1).
Il n’était pas besoin d’être grand clerc pour apercevoir dès le départ que tout s’était mis de travers dans cette histoire, et poursuivrait de même. Il fallait d’abord que la presse de service s’abuse considérablement quant à son propre crédit dans la population pour s’imaginer en rempart de correction, elle dont la mission d’intoxiquer n’est même plus vécue comme une mission tant elle est devenue une nature seconde. Il fallait ensuite ne pas craindre les balles perdues du fusil à tirer dans les coins, les médias rectificateurs, à défaut d’avoir songé à se blinder le fondement, étant voués à se retrouver eux-mêmes rectifiés par derrière, c’est-à-dire systématiquement interrogés pour leur substantielle contribution au faux général de l’époque. Ce qu’un minimum de décence réflexive – ou de régulation du ridicule – a manqué à produire : un réveil, il se pourrait que la loi anti fake news de Macron y parvienne, mais trop tard et avec quelques effets rétroactifs pénibles. En tout cas, et c’est le moins qu’on puisse dire, l’annonce n’a pas fait pousser des cris de triomphe dans les rédactions, même les plus en pointe dans la croisade du vrai – où, pour la première fois, on perçoit comme un léger sentiment d’alarme. On aurait pu imaginer une sorte d’exultation à la reconnaissance suprême du bien-fondé de la cause. L’ambiance est plutôt à une vague intuition du péril. De fait, le pas de trop est celui qui jette d’un coup une lumière un peu blafarde sur tout l’édifice.
Égoutiers de l’Internet ?
Car il devient de plus en plus difficile de se déclarer soldat de la vérité. L’enrôlement plus ou moins crapoteux au service du grand capital numérique n’était déjà pas bien glorieux – on ne s’était d’ailleurs pas trop précipité pour faire la publicité de ces collaborations. On apprend en effet depuis peu que bon nombre de rédactions touchent de Google et Facebook pour mettre à disposition des équipes de journalistes-rectificateurs aidant à purger les tuyaux. Il faut vraiment que l’argent manque pour accepter ainsi de se transformer en égoutiers de l’Internet pour le compte des Compagnies des Eaux qui prospèrent en surface. Bien sûr ça n’est pas de cette manière qu’on présente les choses, cependant même ré-enjolivée en cause commune de la vérité démocratique, l’association normalisatrice avec les grossiums de la donnée produit déjà un effet bizarre.
Il faut sans doute être un Décodeur, ou en l’occurrence un Désintoxicateur (Libération), pour se promener dans cet environnement en toute innocence, et même casser le morceau avec une parfaite candeur : « Nous, par exemple, on travaille pour Facebook, comme un certain nombre de médias en France travaillent pour Facebook et rémunérés par Facebook pour faire le ménage dans les contenus qui circulent », déclare Cédric Mathiot avec une complète absence de malice (2) – on voit très bien Hubert Beuve-Méry ou Sartre envisageant de « faire le ménage dans les contenus » en compagnie d’IBM ou de (la nommée avec préscience) Control Data Corporation.
On voudrait donc éclairer l’égoutier heureux sur les commanditaires pour qui il pousse le balai : Google News par exemple a considéré récemment qu’un site comme le World Socialist Website (WSW) méritait d’être évacué comme de la déjection ordinaire. C’est que Chris Hedges y a donné un entretien avertissant des risques de censure par Google – qui n’a pas plu à Google. Le malheureux Hedges a donc aussitôt disparu des référencements par Google News. Quant au WSW, il a vu sa fréquentation acheminée par Google chuter de 74 %. Comme le nettoyage est général, treize des principaux sites de gauche étatsuniens dégringolent de 55 % (3). À Libération donc, pour le compte de Facebook, ou de qui voudra (paiera), et au nom de la vérité, les Désintoxicateurs « font le ménage » – des mots parfaitement choisis pour signifier une tonique promesse de démocratie.
Lire aussi , « Censure et chaussettes roses », Le Monde diplomatique, janvier 2018.C’est toujours le même étonnement, éternellement renouvelé, que d’entendre un Décodeur ou assimilé prendre la parole pour livrer sa philosophie du métier, à chaque fois la même confirmation performative du naufrage de pensée en quoi consistent les idées mêmes de fake news ou de post-vérité. Plus qu’un étonnement en fait, une sorte de vertige : le Désintoxicateur ne voit même pas le problème. On notera à sa décharge que ses employeurs semblent ne pas l’avoir vu davantage. À moins que leur situation de trésorerie les ait dissuadés de le regarder trop longtemps. Mais alors pourquoi, en si bon chemin, se mettre à toussoter au moment de recevoir les consécrations de la loi ? Un rude objecteur remarquerait qu’à l’inverse de Google et Facebook, la loi, elle, ne paye pas. Ne restent que les incommodités de la compromission – rachetés par rien. Ça n’est pas faux.
… ou attachés de bureau au ministère de l’intérieur ?
C’est même si vrai que, jusque dans les directions de médias les plus fanatiques, on pressent confusément la mauvaise affaire symbolique de se retrouver trop visiblement absorbées dans le processus en cours de fusion organique des puissances : capital, État, médias. Les distinctions institutionnelles purement nominales – « les entreprises », « les médias », « le gouvernement » –, devenues entièrement factices, feuilles de vigne recouvrant une indifférenciation déjà perceptible de tous, n’en étaient que plus dramatiquement précieuses, précisément parce que c’est tout ce qu’il reste : des noms usités, pour travestir le réel, au travers desquels on commence quand même à voir a giorno, mais vitaux pour tenter de préserver les derniers semblants. Libération passe la loque pour Facebook, c’est déjà un peu lourd – si c’est rémunérateur. Mais couler cet attelage dans un ministère de l’intérieur étendu, ça va devenir trop – et finir par se voir.
Car voilà toute l’affaire : c’est qu’à un processus de fusion externe, en répond un autre, interne – à l’appareil d’État. Et les deux entrent en coalescence pour produire un résultat tout à fait inédit. Le processus interne est celui qui voit la différenciation fonctionnelle de l’appareil d’État s’effacer tendanciellement pour le menacer de s’effondrer en un double ministère sec – dont un gigantesque ministère de l’intérieur. De quoi en effet l’État s’occupe-t-il essentiellement désormais ? De deux choses : le service du capital, et le contrôle des populations. Les inégalités en fusée et l’État social conduit au délabrement par paupérisation délibérée du côté du Ministère des amis, il ne reste forcément plus que des solutions de « maintien de l’ordre » du côté du Ministère des inconvénients. De ce côté-là, la fusion justice-police est déjà bien avancée – il suffit de se repasser les exploits des procureurs, de leurs réquisition, de leurs appels, depuis l’affaire Adama Traoré jusqu’à celle du quai de Valmy, et chaque fois qu’il s’agit de prendre le parti de la police ou d’avoir affaire à quelque forme de contestation. Comme il se doit, l’ensemble coercitif est parachevé par l’état d’urgence qui, converti en droit ordinaire, offre les moyens d’une toute nouvelle politique de « prévention » : surveiller les opposants politiques, si besoin est frapper ou intimider les éléments un peu remuants.
Lire aussi , « La loi des suspects », Le Monde diplomatique, juillet 2017.La prévention remonte maintenant d’un cran quand elle envisage de surveiller non pas des agités déclarés, mais la circulation des idées qui pourraient en conduire d’autres à l’agitation. C’est en ce point précis que les deux processus de fusion, interne et externe, se rencontrent, au moment où les médias se retrouvent intégrés dans la grande division du travail de surveillance, et comme délégataires d’une nouvelle mission de maintien de l’ordre – de l’ordre des esprits. Mais sans avoir rien demandé, et en se trouvant un peu embarrassés, forcément, de cette attribution de fait, sinon de droit. C’est que l’image de soi en défenseur de la liberté en prend un vieux coup de se voir « rouage externe » du grand ministère de l’intérieur, par ailleurs en train de réduire à lui une bonne moitié de la structure gouvernementale.
Si elle est oxymorique, l’idée de « rouage externe » dit pourtant bien ce qu’il y a à dire : l’effacement des frontières institutionnelles et l’intégration progressive de tous les pouvoirs dans un complexe unique. L’absorption complète des médias dans le capital est déjà une évidence quand dix milliardaires contrôlent 90 % de la diffusion des quotidiens nationaux (4). Mais leur satellisation par un appareil étatique de contrôle de l’information vraie fait partie de ces variations de degré qui menacent d’une modification qualitative de la perception.
Médias français : qui possède quoi
Médias français : qui possède quoi
1er décembre 2016
Voilà donc le tragique destin. Les médias ont cru se sauver de la misère et de la déconsidération en jouant comme dernière cartouche la croisade contre les fake news. Mais plus puissant et plus opportuniste qu’eux vient ramasser la mise et s’établir comme le Parrain de la vérité – en les vassalisant de fait. Ça n’est pas que les médias n’aient pas déjà largement pris le pli de la vassalité : quand Le Monde ou L’Obs se retrouvent dans la main de Xavier Niel qui ne cache rien de son idée générale de la presse – « quand des journalistes m’emmerdent, je prends une participation dans leur canard et ensuite ils me foutent la paix » (5) –, quand Libération ou L’Express se voient en équivalent numérique de l’ancien radio-réveil offert avec un abonnement, en l’occurrence à un fournisseur d’accès, on ne se sent pas exactement fouetté par le grand vent de la liberté.
Mais, signe des temps, si, nécessité faisant loi, l’on s’est très bien accommodé du dernier degré de vassalisation économique, on continue de faire des mines au moment d’entrer dans l’orbite de l’État. C’est qu’on tentait de survivre en trayant la rente morale offerte par des Erdoğan, Orban, Poutine et des Kim Jong variés. L’exercice de la posture va devenir plus difficile dans ces conditions où soi-même on consulte au ministère. On était Samuel Laurent ou Cédric Mathiot quand même, c’est-à-dire pas n’importe quoi, et voilà qu’on se réveille comme chef de bureau à la sous-direction de la vérité au ministère de l’intérieur. Technicien de surface chez Facebook à la rigueur, mais cadre B de la fonction publique, non !
La vérité de « la vérité »
Ça n’est pas tant, ici, que le changement de degré produise le changement de nature, mais qu’il le révèle – car il était acquis depuis un certain temps déjà. En réalité la perception commençait d’être acquise elle aussi, mais il est indéniable que le patronage étatique dans la certification de la vérité lui fait connaître un fameux progrès. Et, coïncidence malheureuse, en venant miner la stratégie résiduelle même que déployaient les médias pour planquer la merde au chat : quand on croule sous le poids de ses propres manquements, qu’on est sous le feu de la critique, et qu’on n’a aucune intention de rien changer, il reste toujours la possibilité de reprendre l’initiative en inventant des croisades subalternes : le complotisme et les fake news.
Choix terriblement mal inspirés en fait puisqu’ils étaient l’un comme l’autre susceptibles de se retourner en incrimination des incriminateurs. L’obsession du complotisme en dit au moins aussi long sur l’existence réelle de délires conspirationnistes que sur un certain tour d’esprit propre aux hommes de pouvoir qui vivent objectivement dans l’élément du complot, et dont les journalistes, quoique demi-sels d’antichambre, ont fini par s’imprégner à force de proximité. Si bien que la chasse aux complotistes a tout d’une manifestation de mauvaise conscience projective (6) – mais évidemment parfaitement méconnue comme telle (voir aussi l’encadré ci-dessous).
Le cas de la fake news est plus désespérant encore. Il y a d’abord l’indigence intrinsèque de la notion, révélée par ses philosophes mêmes : « fake news », nous avertit Cédric Mathiot, « a un sens très particulier » – qui justifie donc l’intervention d’intellectuels spécifiques – : il s’agit d’« une véritable volonté de tromperie, (d’)une information fausse, fabriquée à dessein pour tromper ». L’idée, d’une nouveauté littéralement terrassante, méritait bien de recevoir son concept à part entière, et surtout d’être dite en anglais. Car on n’avait jamais rien vu de tel – même pas en français. « Un sens très particulier » donc. Pour commencer.
Mais si c’était là le seul problème de la fake news… Hélas son inconvénient principal est ailleurs : là encore, dans sa traîtresse réversibilité. Car évoquer la propagation de fausses nouvelles fait immanquablement revenir en mémoire l’édifiant bilan de la presse officielle en cette matière, depuis ce qu’Acrimed appelle assez justement le journalisme de préfecture (7) jusqu’à la préparation du terrain pour des guerres à morts par milliers (8) (mais le compte Twitter de BHL ne risque rien). De même, donc, que pour le complotisme de l’anticomplotisme, la chasse à la fake news est la mauvaise conscience renversée de la fake news institutionnelle. Reproduisant par-là le système général des autorisations différentielles propre aux inégalités sociales, système par lequel le même acte est jugé différemment selon la position sociale des commettants, la dénonciation de la fake news des gueux a pour objet de faire oublier la fake news des puissants (ou des bons puissants contre les mauvais), la fake news protégée par les habitudes de la respectabilité et les tolérances de l’entre-soi.
Mais elle vise plus encore à substituer sa question secondaire à une question principale, par le projet de réorganiser tout le débat sur les médias autour du problème somme toute inepte de la « vérité » – car il est inepte une fois qu’on a accordé cette trivialité que tout commence avec l’établissement correct des faits –, quand le seul problème important est celui de la détention – actionnariale. Que le fonctionnement général de l’information soit infiniment moins affecté par quelques cinglés qui délirent, ou quelques officines qui intriguent, que par le fait massif de la propriété capitaliste concentrée, c’est ce que peinent visiblement à comprendre les demeurés du fact-checking qui font la chasse aux mouches pendant que le gros animal est dans leur dos.
Ça n’est donc même pas que la diversion « fake news » tourne court, c’est qu’elle revient façon manivelle. Mais la foirade est complète quand le nouveau partenariat des médias et du parquet (si les premiers ne s’y trouvent pas embarqués de leur complet aval) achève de mettre en pleine lumière l’indésirable vérité de la « lutte pour la vérité ». Il n’y avait plus que l’idéologie professionnelle de la corporation pour croire à cette vaste blague de la presse contre-pouvoir, quand tout atteste qu’elle est passée entièrement du côté des pouvoirs. Au moins restait-il ce qu’il fallait de distinctions formelles pour faire perdurer l’illusion auprès des moins avertis. Évidemment, si les médias installent leurs « cellules » quelque part entre le palais de justice et la préfecture de police, tout ça va devenir plus compliqué.
Politique-fake news
Que tout se voie davantage, c’était bien une prévisible némésis pour les médias du macronisme. Car s’il y a une maxime caractéristique du macronisme, c’est bien moins « En marche » que « Tout est clair ». Avec Macron tout est devenu très clair, tout a été porté à un suprême degré de clarté. L’État est présidé par un banquier, il offre au capital le salariat en chair à saucisse, il supprime l’ISF, il bastonne pauvres et migrants, dix ans plus tard et après n’avoir rien compris, il rejoue la carte de la finance. Tout devient d’une cristalline simplicité. En même temps – comme dirait l’autre – il n’a pas encore complètement rejoint son lieu naturel, le lieu du cynisme avoué et du grand éclat de rire ; et la guerre aux pauvres ouverte en actes ne parvient pas encore à se déclarer en mots. Il faut donc prétendre l’exact contraire de ce qu’on fait, scrupule résiduel qui met tout le discours gouvernemental sous une vive tension… et, par conséquent, vaut à ses porte-parole un rapport disons tourmenté à la vérité. Se peut-il que le schème général de l’inversion, qui rend assez bien compte des obsessions anticomplotistes et anti-fake news, trouve, à cet étage aussi, à s’appliquer ? C’est à croire, parce que la masse du faux a pris des proportions inouïes, et qu’il n’a jamais autant importé d’en rediriger l’inquiétude ailleurs, n’importe où ailleurs. On doit prier dans les bureaux pour que se fassent connaître en nombre de nouveaux fadas, des équivalents fonctionnels de la Pizzeria Comet Ping Pong (9), des hackers russes, des allumés des chemtrails ou de n’importe quoi pourvu qu’on puisse dire que le faux, c’est eux. Mais qu’heureusement l’État de médias veille.
Lire aussi , « Macron ou le rêve patronal en ordonnances », Le Monde diplomatique, décembre 2017.En attendant que ces faux adversaires et vrais renforts arrivent, et qu’on puisse lancer contre eux la brigade très légère des fact-checkers, éventuellement accompagnée d’un panier à salade, il faut bien parler quand on est ministre et qu’on n’a pas réussi à éviter tous les micros (vraiment, on comprend qu’ils se planquent). Muriel Pénicaud explique sans ciller que la nouvelle disposition des ruptures conventionnelles constitue « un atout pour les salariés » (10). La même, qui a constitué une partie de son patrimoine par des plus-values sur stock-options consécutives à ses licenciements, est bien partie pour économiser 49 000 euros d’ISF – et l’on se demande ce qui, de ce fait ou de la fausse nouvelle d’un compte de Macron aux Bahamas, offense le plus l’esprit public. En tout cas Benjamin Griveaux n’en jure pas moins que « le gouvernement ne fait pas de cadeaux aux riches » (11). Gérard Collomb affirme, lui, qu’avec la loi antiterroriste « nous sortons de l’état d’urgence ». Éduqués à faire où on leur dit de faire, les médias ont répété à l’unisson. Avec évidemment un niveau de dissonance à y laisser la santé mentale : « sur le fond, les mesures d’exception vont devenir la norme » écrivent ainsi Les Échos – qui n’en titrent pas moins « Macron tire un trait sur l’état d’urgence » (12). On rapporte que Collomb en a marre de « passer pour le facho de service ». Mais c’est qu’il lui revient fonctionnellement le mauvais bout dans la ficelle de la double vérité – allez, c’est le bout où l’on récupère quand même l’admiration de l’extrême droite. Le bon bout, Macron se l’est gardé pour lui : « nous devons accueillir les réfugiés, c’est notre devoir et notre honneur ».
Tout ça fait déjà beaucoup, mais le mensonge s’élève pour ainsi dire au carré quand il est celui d’un discours qui porte sur le mensonge. Élevant tout cet ensemble à un point de perfection, et se rendant elle-même au tréfonds de l’abaissement, la ministre de la culture n’hésite pas à déclarer que la future loi sur les fake news vise « à préserver la liberté d’expression » (13). Boucle bouclée – et le ministère de l’intérieur a maintenant également absorbé une direction de la culture rectifiée.
S’il faut conserver quelque chose de la philosophie du Désintoxicateur, accordons-lui que le concept de la fake news est bien là, dans sa pureté : nous avons affaire à un ensemble de dires outrageusement faux, « fabriqués à dessein pour tromper ». Prévisible ironie, la loi sur les fake news est bien le terminus de la vérité – mais rejoint au nom de la lutte contre la post-vérité. Que la némésis de la presse macronienne advienne par Macron lui-même, n’est-ce pas finalement dans la logique des choses ? Ce n’est plus un gouvernement, c’est une fanfare à fake news. Tous les instrumentistes semblent bourrés, en tout cas cornent à tout va. Mais en fait sous la férule et dans la crainte du chef d’orchestre. Et, comme le veut cette forme renversée de cohérence désormais familière, le tout selon une partition attaquant les libertés au nom de la lutte contre « l’illibéralisme ».
Remarquable trajectoire, même si elle n’est faite que pour étonner les « faiseurs de barrage ». Prétextée par les outrances de Trump, la course à la vérité s’achève dans un devenir-Trump de Macron, qui plus est embarquant la presse des vraies-news dans ce grand huit d’où l’on aura sans doute à ramasser quelques désorientés. Que Macron se mette à avoir des airs de Trump, ce sont leurs politiques fiscales semblables qui l’ont déjà laissé entrevoir (14). Voilà qu’ils se ressemblent maintenant par leur commune obsession pour les fake news, simultanément propagateurs – bien sûr pas encore au même degré de grossièreté – et promettant de les éradiquer. Comme l’autre, Macron a visiblement envie d’être quelque chose in chief. Pourquoi pas Decoder in chief alors ?
On devrait tenir pour un symptôme sérieux qu’un gouvernant se prenne d’obsession pour les fake news : le symptôme de celui qui, traquant les offenses à la vérité, révèle qu’il est lui-même en délicatesse avec la vérité. Nous en savons maintenant assez pour voir que la politique entière de Macron n’est qu’une gigantesque fake news – parachevée, en bonne logique, par une loi sur les fake news. Entre le parquet et les cellules de Décodeurs, il y a de la catastrophe logique dans l’air, et de la souffrance au travail qui s’annonce. Ou peut-être pas.
On comprend sans peine que Libération et Le Monde, mais parmi tant d’autres, se soient fait une joie de l’étude Fondation Jean-Jaurès-Ipsos sur les tendances complotistes de la population. Les deux principales écuries à Décodeurs n’allaient tout de même pas laisser passer ce caviar d’une justification en quelque sorte ontologique. Ni la presse en général manquer une occasion de réaffirmer que le monopole de l’information vraie comme de la pensée juste lui appartient. On notera au passage comme est bien conçue cette « étude », qui accole les 75 % de la population manifestant une défiance envers les médias avec le reste de la benne à complotistes, l’idée étant de suggérer, comme il se doit, que douter des médias et battre la campagne conspirationniste, c’est tout un. À l’évidence, ce qu’on pourra maintenant appeler le « massif du pouvoir », attaqué de toutes parts, n’est plus capable, pour se maintenir dans son monopole de la direction générale, de trouver d’autre solution que… la disqualification de la population même : elle est économiquement illettrée, politiquement errante, et d’une crédulité vicieuse.
On sait donc maintenant avec une certitude scientifique au moins égale à celle de l’institut Ipsos que le massif du pouvoir a perdu tout moyen de comprendre ce qui lui arrive – état de stupidité qui fait pressentir les conditions dans lesquelles, incapable de la moindre rectification de trajectoire, il finira : mal (car il finira bien un jour). Il a notamment perdu les moyens de comprendre ce qui se joue avec l’inflammation conspirationniste – dont il reste à prouver, tous effets de loupe des réseaux sociaux mis à part, qu’elle a effectivement crû. C’est que Rudy Reichstadt et la Fondation Jean Jaurès se seraient sans doute empressés de comptabiliser comme complotistes les « satellites détraquant la météo » qui faisaient les beaux jours des comptoirs des années 60 – et les satellites étaient russes !
Que la pensée publique erre dans le mouvement naturel de faire sens de ce qui lui arrive, c’est un fait dont la nouveauté historique demanderait à être beaucoup discutée. Que, par un effet paradoxal, l’ampleur des élucubrations ait crû à proportion de l’élévation du niveau général d’étude, c’est-à-dire du nombre des gens s’estimant autorisés à « avoir des idées » sur le cours du monde, et à les dire, maintenant même à les publier, c’est probablement une piste plus robuste. Que l’obstination des pouvoirs à confisquer la conduite des affaires publiques en en dissimulant à peu près tout des gouvernés, fouette la production populaire des conjectures, qui plus est dans un contexte d’illégitimité croissante des gouvernants, et avec nécessairement la croissance, là encore simplement proportionnelle, de sa part égarée, ce serait aussi une piste à creuser. Mais on comprend que ni Le Monde ni Libération n’en aient la moindre envie. Quant à la cabane de jardin de la rue de Solférino (la Fondation Jean Jaurès) il y a beau temps qu’elle a perdu le dernier outil qui lui permettrait de creuser quoi que ce soit.