« Africa My Name’s Job » : quand l’art fait de l’économie

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« Sueur et co. »
© Tchif, 2017

L’artiste Tchif, Béninois quadragénaire, est emblématique d’une génération qui se moque éperdument de savoir comment les anciennes métropoles coloniales voient l’Afrique, mais se préoccupe de dire comment elle-même se perçoit et s’envisage dans le monde.

Rue de Seine, à la galerie parisienne Vallois, il a exposé en mai son nouveau travail photographique : Africa My Name’s Job (jeu de mot sur « Afrique, mon nom est Travail » et « Mon nom est Job »). Cette série d’autoportraits mélange noir et blanc et couleurs, lui permettant de rester dans ses compositions habituelles de peintre. Il incarne dans les rues de sa ville, la capitale économique du Bénin, toute la panoplie de petits métiers du secteur informel qui permettent aux gens ordinaires de survivre. Vendeur de kpayo (essence frelatée en provenance du Nigeria voisin), de tomates, de tabac, zemidijan (taxi-moto), mécanicien en bleu de travail…

Tchif ne veut pas simplement rendre hommage à la résilience de ses contemporains et à une vie sans autre perspective d’avenir que le prochain billet de 10 000 francs CFA. « En fait, dit-il, cette situation n’est pas ce que je souhaite pour l’Afrique, où la vie devrait être plus confortable parce que le continent regorge de richesses. Les matières premières viennent de nos pays, mais nous ne produisons rien. Le café nous revient sous forme de Nescafé et le coton sous forme de serviettes fabriquées ailleurs. L’Afrique ne peut pas continuer comme ça. Elle doit s’organiser autrement et créer ses industries ».

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« Tomate »
© Tchif, 2017

Cette série sera exposée à Cotonou en juin, avant qu’il ne termine ce travail au Bénin puis s’attaque aux variantes du même thème dans d’autres capitales africaines. Des marchandes d’arachides à Dakar aux vendeurs de lunettes de soleil contrefaites à Abidjan, de sachets d’eau à Kinshasa ou de plumeaux en plumes d’autruche à Johannesburg, il veut partir à la découverte de populations pour lesquelles chaque centime compte. Son objectif : participer à une prise de conscience, sans céder au misérabilisme.

Repenser le rôle du secteur informel

Lire aussi Sabine Cessou, « Le poids du secteur informel en Afrique », Le Monde diplomatique, octobre 2015.Son propos est en phase avec ceux, plus académiques, que tient Felwine Sarr, économiste et écrivain sénégalais, selon lequel le secteur informel doit cesser d’être vu sous un angle négatif : « Au lieu d’examiner cette économie pour ce qu’elle est, on ne cesse de la prendre pour ce qu’elle aurait dû être »

Il fait la jonction, comme d’autres, entre les nouveaux termes d’un débat tel qu’il est posé par certains artistes, et les réflexions en cours dans les milieux académiques — portées notamment par Ecrire l’Afrique-monde, premiers actes des Ateliers de la pensée organisés en octobre dernier à Dakar par Achille Mbembe et Felwine Sarr, et qui viennent d’être publiés chez Jimsaan et Philippe Rey.

Ancien caricaturiste de presse, Tchif s’est d’abord fait connaître par la puissance poétique de ses toiles, exposées du Brésil et au Nigeria en passant par Dubaï et les États-Unis, sans oublier Paris Art Fair cette année. « Des paysages vus du ciel, des planètes, de nouveaux territoires »… Voilà comment il décrit son travail, un sourire en coin. Soucieux d’aller toujours plus loin, il voit plus grand qu’un marché de l’art contemporain « où l’on croit que les artistes africains sont des analphabètes », dit-il. Regrettant l’absence de toute école des Beaux-Arts au Bénin, il a lancé en 2007 au centre de Cotonou un Espace qui porte son nom. Une entreprise culturelle qu’il conçoit comme une scène indépendante, alternative au Centre culturel français (CCF), un lieu d’apprentissage et d’échanges.

Trump fait du bien à la presse

Porté par la saga Donald Trump, le New York Times a enregistré au premier trimestre un gain net de 348.000 abonnés en ligne, un record, mais s’attend à un ralentissement au deuxième trimestre. L’élection présidentielle et l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche ont soutenu l’intérêt du public pour l’information et permis au New York Times de revendiquer, à fin mars, 2,2 millions d’abonnés au seul service en ligne, soit une hausse de 62% sur un an.  Le nouveau président entretient une relation complexe avec le célèbre quotidien new-yorkais, qu’il critique très régulièrement dans des termes forts tout en accordant souvent des entretiens à ses journalistes.  « Le New York Times, en perdition, est une honte pour les médias. Ils ne me comprennent pas depuis deux bonnes années. Changer les lois sur la diffamation ? », a notamment tweeté Donald Trump, début avril.  Quelque 308.000 des abonnés gagnés en net souscrivent au site d’information en ligne, et le solde, soit 40.000, n’a accès qu’aux mots croisés.  Le groupe de presse prévoit de gagner des abonnés supplémentaires au deuxième trimestre, mais à un rythme moins élevé que sur les deux trimestres précédents, a-t-il indiqué dans un communiqué publié mercredi.  Les revenus tirés des éditions papier ou des abonnements au site d’informations en ligne ont crû de 11,2% sur un an, à 242 millions de dollars, compensant le repli des recettes publicitaires.  Bien que les abonnés au seul service en ligne constituent désormais près des trois quarts du portefeuille du New York Times, ils ne pèsent cependant que 31,2% du chiffre d’affaires tiré des abonnements et de la vente des éditions papier.  Autre élément qui relativise la progression du portefeuille, le revenu moyen par abonné au seul service en ligne est en baisse de 10% sur un an.  Sur le plan publicitaire, le chiffre d’affaires des éditions imprimées a baissé de 17,9%, en incluant les petites annonces, une chute partiellement contrebalancée par les revenus publicitaires en ligne, en progression de 18,9% mais qui ne représentent encore que 38% du total.  Au total, le chiffre d’affaires est en hausse de 5,1% à 398 millions de dollars.  Au premier trimestre, le New York Times a enregistré un bénéfice net de 13,1 millions de dollars, contre un perte de 13,5 millions pour la même période de 2016.

Le Périgord en montgolfière

L’actualité ne prête décidément pas à sourire, et c’est pourquoi, je vous propose une échappée intellectuelle, commémoration d’une envolée fabuleuse. En août dernier, j’ai en effet effectué une expérience à laquelle je repense souvent. J’ai en effet observé la terre d’un point de vue unique lors d’un baptême de l’air en ballon. Ca s’est passé à la campagne, et les événements de ce moment me reviennent régulièrement en mémoire. Je repense à ce matin, attendant dans un pré , pendant que l’équipe organisatrice mettait en place le ballon sur le sol. L’heure était matinale et ma femme et moi tremblions dans l’air glacial du matin. Après un long moment, nous avons enfin pu embarquer dans la nacelle et nous regrouper autour du brûleur. Mais je revois surtout cette minute prodigieux où la nacelle a enfin quitté la terre pour s’élever tout en douceur. Et à mesure que nous prenions de l’altitude, j’ai pris une claque. Je serais incapable de vous expliquer à quel point le monde peut ressembler à un décor, vu d’en haut. Dans Le Cercle des poètes disparus, il y a une scène que j’aime vraiment. C’est quand feu Robin Williams grimpe sur son bureau et explique à ses apprentis-poètes qu’il faut savoir regarder sous un angle différent ». C’est ce qu’était ce vol en montgolfière, d’une certaine manière : une manière de percevoir le monde sous un angle original.Le vol en montgolfière est une expérience merveilleuse. Et différent, je peux vous garantir que le monde est étrange, pour peu qu’on l’admire de là-haut ! Vous avez déjà contemplé notre planète depuis le hublot d’un Airbus ? Eh bien, c’est comme comparer un vieux téléviseur en noir et blanc et un écran Full 3D ! Parce que là, il n’y a pas une paroi de verre pour vous séparer du monde ; vous pouvez sentir le vent sur votre peau, humer l’air pur, vous admirez la terre qui se rehausse d’or tandis que le soleil étend ses rayons. C’en est presque mystique. Cette expérience s’est déroulé il y a plusieurs mois et j’y repense souvent, quand je perds des heures dans les embouteillages. Ce baptême en ballon est devenu une manière de m’extraire des petits ennuis qui jalonnent la vie au quotidien. Ca met du baume au coeur. Si la possibilité, je vous conseille vivement d’essayer.A lire sur le site internet de cette expérience de vol en montgolfière dans le Périgord.

Des champignons de l’époque des dinosaures découverts dans de l’ambre

En Birmanie, une équipe de scientifiques a découvert des fragments d’ambre dans lesquels étaient conservés divers champignons proches des amanites et des russules.  Des paléontologues ont retrouvé en Birmanie des fragments d’ambre contenant des sporophores de champignons proches des amanites et des russules, ainsi que des insectes qui les mangeaient et qui ressemblent à des Mycetophagidae, est-il raconté dans une étude publiée dans le journal Nature Communications.  « La découverte simultanée de quatre sporophores de champignons de forme assez contemporaine atteste du fait que leur évolution s’est arrêtée pour une raison inconnue il y a quelque 120 millions d’années. Les champignons et les insectes ont semble-t-il établi des relations mutuellement avantageuses dès le Crétacé (une période géologique qui se termine par la disparition des dinosaures non aviens et de nombreuses autres formes de vie, ndlr) et n’ont pas changé depuis lors », estime Chenyang Cai de l’Institut de géologie et de paléontologie de Nankin (Chine) et ses collègues.  Les champignons ont fait leur apparition en même temps que les végétaux et les animaux, bien que leurs traces soient très difficilement retrouvables. Les premières traces de champignons datent du Carbonifère.  Les paléontologues ont réussi à ajouter à la collection cinq trouvailles uniques en leur genre : des sporophores confinés dans de l’ambre et qui ont été ainsi conservés. Tous les morceaux ont été découverts dans le nord du Myanmar. Outre les champignons, les scientifiques ont découvert des insectes (de l’espèce des Oxyporus), datant également de l’époque des dinosaures, qui sont beaucoup plus grands comparativement à leurs confrères d’aujourd’hui, atteignant presque deux centimètres de long, soit deux fois plus grands que leurs descendants.  Les sporophores découverts ressemblent bien à l’espèce des Dikarya, qui comprend les amanites, les russules et les girolles.  L’absence de changements anatomiques sérieux tant chez les insectes que chez les sporophores a laissé conclure que les deux groupes avaient commencé à coexister il y a des centaines de millions d’années, se servant les uns des autres pour survivre et se propager. En Birmanie, une équipe de scientifiques a découvert des fragments d’ambre dans lesquels étaient conservés divers champignons proches des amanites et des russules.  Des paléontologues ont retrouvé en Birmanie des fragments d’ambre contenant des sporophores de champignons proches des amanites et des russules, ainsi que des insectes qui les mangeaient et qui ressemblent à des Mycetophagidae, est-il raconté dans une étude publiée dans le journal Nature Communications.  « La découverte simultanée de quatre sporophores de champignons de forme assez contemporaine atteste du fait que leur évolution s’est arrêtée pour une raison inconnue il y a quelque 120 millions d’années. Les champignons et les insectes ont semble-t-il établi des relations mutuellement avantageuses dès le Crétacé (une période géologique qui se termine par la disparition des dinosaures non aviens et de nombreuses autres formes de vie, ndlr) et n’ont pas changé depuis lors », estime Chenyang Cai de l’Institut de géologie et de paléontologie de Nankin (Chine) et ses collègues.  Les champignons ont fait leur apparition en même temps que les végétaux et les animaux, bien que leurs traces soient très difficilement retrouvables. Les premières traces de champignons datent du Carbonifère.  Les paléontologues ont réussi à ajouter à la collection cinq trouvailles uniques en leur genre : des sporophores confinés dans de l’ambre et qui ont été ainsi conservés. Tous les morceaux ont été découverts dans le nord du Myanmar. Outre les champignons, les scientifiques ont découvert des insectes (de l’espèce des Oxyporus), datant également de l’époque des dinosaures, qui sont beaucoup plus grands comparativement à leurs confrères d’aujourd’hui, atteignant presque deux centimètres de long, soit deux fois plus grands que leurs descendants.  Les sporophores découverts ressemblent bien à l’espèce des Dikarya, qui comprend les amanites, les russules et les girolles.  L’absence de changements anatomiques sérieux tant chez les insectes que chez les sporophores a laissé conclure que les deux groupes avaient commencé à coexister il y a des centaines de millions d’années, se servant les uns des autres pour survivre et se propager.

Des interventions filmées

Certaines affaires ont le mérite de faire bouger les lignes. Après plusieurs affaires d’interventions policières délicates, une nouvelle mesure a été mise en place : depuis le 1er mars, les policiers et gendarmes, dès lors qu’ils procèdent à des contrôles d’identité doivent tout enregistrer à l’aide de leurs caméras-piétons, dans quelques 23 zones de sécurité prioritaires. Parmi les 23 sites sélectionnés, figurent notamment des ZSP en petite et grande couronne de Paris, de même que des départements comme les Alpes-Maritimes.
Ce n’est pour l’heure qu’une expérimentation, qui doit d’ailleurs l’objet d’un décret qu’il reste à valider par le Conseil d’Etat. Mais c’est en soi un pas dans la bonne direction. Ce principe est en application depuis pas mal de temps dans certains pays, et a vraiment confirmé son efficacité. Le but de ce système est de calmer les relations dans le cadre d’un contrôle : les fonctionnaires peuvent ainsi prouver qu’ils ont respecté les règles, et les personnes contrôlées ont des images à disposition en cas d’abus. C’est donc un système où tout le monde est gagnant. Avantage supplémentaire, ces caméras permettent de ne pas retranscrire chaque intervention par écrit, ce qui réduit drastiquement la pesanteur administrative.A la fin de ce projet-test, les DG de la Police et de la Gendarmerie Nationales présenteront au ministre de l’Intérieur un rapport mesurant l’influence de ces témoins électroniques sur la bonne marche des contrôles d’identité. Si cette procédure est déployée à l’échelle nationale, des scandales comme celui de Théo en février dernier ne devraient donc plus défrayer la chronique. Voilà au moins une avancée positive que je garderai de ce gouvernement. D’autant que Bruno Le Roux a annoncé que les 2600 caméras seront bientôt doublées.

De Trump à l’Afrique du Sud

Disons-le tout net : le 45e président américain est à mon sens un danger public. Il faudrait l’enfermer entre quatre murs capitonnés pour l’empêcher de faire du mal, aux autres pays mais au sien aussi. Il en a encore fourni la preuve récemment : l’homme a eu des propos particulièrement venimeux envers l’Europe. A ses yeux, ce projet-là était en effet voué à l’échec. Des propos comme d’habitude non argumentés et assez ridicules. Pourtant, j’ai été surpris en voyant combien ses idées semblent avoir eu un impact chez certains. Il y a quelques jours, je me suis en effet rendu à Cape Town pour participer à un congrès. Et au cours de la soirée, j’ai parlé de cela avec certaines personnes présentes. Et certains soutenaient les déclarations du sémillant milliardaire ! Pour moi, ceux-là se laissent vraiment avoir grossièrement. Donald Trump malmène seulement le modèle européen afin de nous fragiliser. Ce qu’il veut véritablement, c’est le trépas de l’Europe pour arriver à ses propres fins. Comme Poutine, qui poursuit son oeuvre de propagande en ce sens depuis si longtemps. Les deux ont chacun leurs raisons. Poutine entend exterminer l’écueil européen qui se dresse sans cesse devant lui. Trump, quant à lui, et avec le pragmatisme qui le caractérise, rêve d’isoler chaque pays européen dans le seul but de pouvoir conclure avec lui des partenariats très lucratifs pour les américains. L’application vivante de « America first », en somme. Trump a de l’Europe une vision subjective : tout ce qui l’intéresse, c’est de remporter la mise. Néanmoins, en persiflant l’Europe de la sorte, il manque à mon sens d’une vue d’ensemble de la situation : l’UE importe pour près de 500 milliards de dollars de services américains par an. Faire preuve d’une telle ingérence est donc profondément déraisonnable, comme François Hollande n’a d’ailleurs pas manqué de l’en avertir. Avec le recul, le président américain ne paraît pas avoir une vision très précise de la situation géopolitique : ses provocations donnent souvent l’impression qu’il joue aux mikados avec des moufles. Et du fait de sa bêtise, son mandat sera, je crois, tout sauf ennuyeux. En tout cas, ce congrès était bien agréable. L’organisation était parfaitement maîtrisée, elle, et je vous laisse le lien vers le site de l’organisateur de ce séminaire à Cape Town.

Macron, ses erreurs et sa faute

170218

En cette fin de semaine le caractère scandaleux des déclarations de Macron en Algérie le 14 février, après environ deux jours de stupéfaction, soulève un vague de protestations légitimes que résume le titre en première page du Figaro le 17 février : « Colonisation : Macron provoque un tollé ».

L’avalanche des réponses indignées a atteint un tel niveau de mobilisation qu’on ne cherchera ici ni à les paraphraser ni même à les recenser. On notera simplement que leur répartition dans le champ politique ridiculise le propos psittaciste, tant de fois entendu et répété, selon lequel la droite et la gauche cela n’existe pas. La psittacose ça se soigne  (1)⇓.

Depuis un certain temps ses propres supporteurs commençaient à se demander si et quand ils seraient gratifiés du programme de leur candidat et néanmoins favori. L’intéressé lui-même était allé jusqu’à théoriser l’inutilité de l’exercice.

Or, en quelques jours l’ancien inspecteur des finances, l’ancien banquier d’affaires, l’ancien inspirateur économique de Hollande, l’ancien ministre, désormais candidat à la présidence a effectivement démontré dans la pratique que nous n’avons nul besoin de connaître sa plateforme électorale pour savoir à quoi nous en tenir.

Le virage révélateur avait commencé le 4 février par une stupéfiante négation : la culture française, cela n’existe pas. Exit Molière, exit La Fontaine, exit Pascal, exit Racine, exit Victor Hugo, etc. Seuls comptent sans doute les marchés financiers, leur franglais de bazar et les enquêtes par sondages. On se demande même pourquoi les moyens d’information se dispersent en parlant d’autre chose.

Le summum a donc été atteint avec les déclarations diffusées à Alger le 14 février sur la colonisation : « un crime, un crime contre l’humanité ». Sans être dupes de la destination électorale du propos, visant à récupérer le vote communautariste grâce auquel la gauche a gagné en 2012, on se permettra quand même de retenir l’outrage et la sottise de ce jugement.

D’excellents esprits ont pu, par le passé, et surtout en son temps critiquer la politique coloniale, la dénoncer comme une erreur, voire une injustice, souligner son coût, s’indigner des conséquences brutales de certains de ses aspects. Aucun Français digne de ce nom n’avait fait jusqu’ici référence au concept de crime contre l’humanité, dont peut-être Macron, Micron, et Mocron ignorent la portée juridique gravissime.

Sans nous étendre sur les litanies des noms de héros et de saints qui fécondèrent l’Empire, sans nous attarder à l’heureuse invention de la clémentine dans le département d’Oran, sans encombrer le lecteur de fioretti familiales, rappelons quelques souvenirs qui devraient quand même dire quelque chose aux connaissances historiques raréfiées de nos contemporains.

Criminel de guerre Charles de Foucauld ? Criminel de guerre le général Laperrine ? Criminels de guerre le maréchal Juin et les soldats de la Première Armée Française ? Criminel de guerre Savorgnan de Brazza ? Criminel de guerre le maréchal Lyautey ?

Était-il un criminel de guerre Albert Camus recevant son prix Nobel en 1956 et osant se revendiquer comme Français d’Algérie ? L’était-il quand il déclarait qu’entre la justice et sa mère il choisirait toujours sa mère ?

Macron aurait-il osé commettre la même déclaration à propos de l’Empire britannique partout dans le monde où ce bel édifice a laissé en héritage les fruits amers de sa politique de « diviser pour régner » mais aussi cette foule de rentes financières qu’on apprécie encore en la cité de Londres ? On hésite à poser la question.

Une interrogation en revanche ne fait pas mystère : celle de l’incompétence, de l’incongruité, de l’insignifiance de cette candidature à la succession de saint Louis, et même à celle d’Armand Fallières à la tête de ce qui reste de l’État français.

Signature

 

JG Malliarakis

Apostilles

  1. cf. Tintin au Congo.

Le « revenu universel d’existence » du candidat Benoit Hamon

Mr Benoit Hamon suggère d’accorder un revenu universel de 750 euros par mois de façon généralisée, spécialement de revenu, graduellement à l’ensemble de la population. Son montant annuel au final atteindrait 600 Mrds d’euros, ce qui fait la moitié des charges d’Etat. Le revenu universel est suggéré par des spécialistes que quelques-uns qualifieraient de Thatchériens, souvent en l’accouplant à une taxation relatif au revenu global pour le financer. Une charge au taux de 40 % pourrait par conséquent régler une dépense de 600 Md€. Cette formule, salaire d’existence et un impôt corrélatif, validerait, selon ses artisans, un plan de vie minimal à tout Français mais en l’exhortant à travailler davantage que dans le fonctionnement présent. En effet, tout euro additionnel encaissé par son emploi lui attribuerait 0,62 € après prélèvement alors que, maintenant, il encaisse en net simplement 0.47 € généralement, parce qu’il juge réduire ses indemnités sociales et accroître ses impositions et charges. Pour les spécialistes, ce revenu d’existence changerait un grand nombre des allocations sociales et des charges publics dont l’usage est individualisé. Chaque Français obtiendrait le minimum primordial pour subsister, le suppléerait par une activité professionnelle, le consommerait pour des prestations de son choix et préserverait de façon autonome contre tous les risques, particulièrement les courants risques de maladie. Le cumul des contributions sociales arrivant quasiment 600 Md€, le salaire d’existence n’augmenterait ainsi pas les charges sociales et saurait être acquitté sans revaloriser les prélèvements obligatoires. Il faudrait seulement transformer quelques-uns d’entre eux, particulièrement les prélèvements, par une contribution sociale à 37 %. L’État cesserait d’ intervenir pour délivrer des services aux communautés. Les répercussions de l’établissement d’un revenu d’existence sur l’efficacité des entreprises, la séduction du pays, l’investissement et l’responsabilité, ou aussi la fraude aux impôts et administrative, seraient incroyables. Ce n’est assurément pas le rêve de Mr Hamon, qui n’a pas affirmé la disparition de fonctions de l’Etat. Il est possible de toutefois concevoir que le revenu changerait les minima sociaux (autour de 24 Milliards €) et les allocations familiales (11 Mds euros), chaque descendant y assignant droit, mais ces diminutions de dépenses ne moduleraient pas l’existence de la difficulté : il faudrait augmenter les charges obligatoires d’environ 515 milliards €, donc de 54.5 %. Les implications de la création d’un revenu sur la compétitivité des entreprises économiques, l’attractivité du territoire, la participation et l’responsabilité, ou aussi la fraude fiscale et sociale, seraient affreuses.

Non à l’opération Macron

Tout est fait, c’est désormais parfaitement clair, pour préparer un second tour dont le vainqueur serait presque obligatoirement le candidat issu de l’écurie Hollande, le chouchou des médias, l’homme au programme vide, Macron. Certes quelques naïfs droitiers et centristes, éternels continuateurs de ceux que Beau de Loménie appelait les « grands habiles » misent à nouveau sur cette écurie et son poulain pour promouvoir ce qu’ils appellent les « réformes » sans jamais que soit précisé de quelles dispositions législatives il s’agirait.

Interrogeons-nous d’abord sur l’environnement institutionnel qu’utilise la manœuvre.

Tout est véhiculé bien sûr via les gros moyens de la désinformation, eux-mêmes fabriqués par une corporation qui veut nous faire croire qu’elle est objective, qui se veut intouchable, mais qui vote à gauche à plus de 85 %.

Précisons au besoin que la Cour des comptes quand elle ouvre les dossiers de France-Télévision, c’est-à-dire du cœur de ce quatrième pouvoir dépendant de l’exécutif en tire des conclusions effarantes. Les gens qui prétendent incarner la « morale » ne se l’appliquent certainement pas à eux-mêmes. (1)⇓

N’est-il pas pittoresque de s’interroger quant à une autre partie du pouvoir d’État, l’autorité judiciaire, et donc de se souvenir comment a été constitué le parquet national financier. Celui-ci a été créé par Christiane Taubira en 2014. Garde des sceaux celle-ci y a placé ses amis. Le procureur de ce parquet, Éliane Houlette, était commissaire du gouvernement auprès du Conseil des ventes volontaires. Elle doit sa brillante promotion à la ministre, laquelle a également constitué une équipe de procureurs adjoints et vice-procureurs parmi ses très proches … Rappelons aussi à ce sujet qu’en France, le parquet, et particulièrement le parquet national financier, n’est pas indépendant du pouvoir exécutif.

Les derniers soubresauts médiatiques de la campagne électorale n’ont donc, eux aussi, à cet égard, pas manqué de produire leurs effets sondagiers. Pour la première fois en effet un des deux plus récents sondages, celui commandé par Les Échos et Radio Classique à la société Elabe, plaçait, dès le 1er février, le candidat Macron favori de l’élection présidentielle où il arriverait second au premier tour. (2)⇓

Rien n’étant plus mouvant et plus incertain, en fait, qu’un sondage d’opinion, on ne disputera pas ici de la qualité respective des deux. On se contentera de noter que celui d’Elabe, institut présidé par Bernard Sananès, popularisé par Radio Classique et les Échos entre parfaitement dans le dispositif, réel et non virtuel de ce qu’il faut bien appeler l’opération Macron.

Ce à quoi vise ce mécanisme est vieux comme la cinquième république. Mais, depuis un demi-siècle, le projet n’avait jamais abouti au résultat désiré par ses promoteurs. Depuis le complot de l’Alma puis du cartel des Non de 1962 jusqu’aux premières illusions de la campagne Hollande de 2012 la grande idée de tous ces intervenants a, bel et bien, toujours été de tendre à un retour de la IVe république par une coalition socialo-centriste. Mais comme le pâté d’alouette cet assemblage inégal composera un cheval social démocrate et une alouette centriste voire droitière. Ne nous laissons pas prendre à cette candidature qui ne repose sur aucune doctrine, qui se refuse à développer, pardon à « dévoiler » un programme et qui laisse entendre qu’il acceptera généreusement les voix de la « droite orléaniste » (sic) en passant par « l’écologie réaliste » et le gaullisme social. Il prend cependant bien soin, quand il révèle, chichement, certains points de sa doctrine, globalment secrète, de ménager les pires poncifs du socialisme, tels que l’État stratège ou le modèle social, etc.

Il faut donc dire clairement non à cette opération Macron.

 

Ne pas se tromper de patriotisme

Les jours et les semaines passent. Et ces derniers temps la campagne présidentielle a doucement glissé vers le caniveau et le feuilleton, perdant l’essentiel de son intérêt.

En ce 13 février on ne pouvait donc que partager le vœu de Nicolas Beytout dans son éditorial de l’Opinion (1)⇓. Il est grand temps que s’organise le débat.

Deux semaines plus tôt, votre chroniqueur imaginait encore que les vraies questions allaient s’imposer, tout simplement parce qu’elles se posent au pays de façon cruciale.

De sorte que, le dimanche 29 janvier, étant cloué devant mon poste de télévision ma curiosité ou mon ahurissement passager m’avaient conduit à entendre l’expression coup sur coup de deux définitions du patriotisme. Je me surpris successivement, en effet, à visionner d’abord, et jusqu’au bout, un petit reportage consacré à Florian Philippot. Après quoi, sur La Chaîne Parlementaire, d’entendre le discours de La Villette de François Fillon.

Depuis ce dimanche, dois-je l’avouer, j’éprouve le sentiment d’avoir absorbé une dose maximale du feuilleton électoral, non que ces deux émissions aient manqué d’intérêt mais parce que visiblement les gros moyens de désinformation n’en ont rien retenu pour l’intérêt du citoyen.

Pour la première partie de cette après-midi dominicale, exceptionnellement télévisuelle, la découverte d’un personnage qui jusque-là ne m’était connu que superficiellement m’a surpris. Au delà de quelques déclarations et prises de positions plus urticantes que vraiment éclairantes, on se trouvait en présence d’une vraie cohérence, celle d’un fils du jacobinisme, venu de la gauche. Il se revendique certes du gaullisme, ce que l’on sait depuis le début, et qui peut faire sourire eu égard à l’histoire d’un parti, fondé il y a près d’un demi-siècle sur la dénonciation de la « vente de la France par De Gaulle en viager au parti communiste ».

Quand on l’écoute de bout en bout, aujourd’hui, on demeure frappé, au contraire, par cette sorte de complaisance, qui s’exprimait dans le programme commun de la gauche rédigé en son temps par Chevènement, un mentor que Philippot ne semble pas vouloir renier.

Quant au second discours, celui de François Fillon, les journalistes moralistes n’ont pas voulu voir que, s’adressant à ses partisans, il n’avait manqué ni de style, ni de détermination, ni de contenu. On nous assure que cet orateur est devenu inaudible : il fut pourtant entendu ce jour-là par des milliers de partisans, peu impressionnés eux-mêmes par les gazetiers et les radioteurs.

À propos de son intervention, qui m’a semblé éloquente, je laisse la parole à Libération du 30 janvier qui écrit : « Le bon discours de François Fillon à la Villette pourra-t-il le sauver ? Le candidat LR a multiplié les formules bien venues, les envolées électrisantes et les confessions tout en retenue vibrante. Le candidat de la droite n’est pas mort, loin de là, et il peut espérer survivre en tablant sur l’amnésie progressive de l’opinion et sur un dossier judiciaire qu’il pourra plaider (c’est à l’accusation de prouver l’emploi fictif). »

Or, ces quelques lignes qui disent pourtant bien ce qu’elles veulent dire, étaient noyées dans un commentaire plus général, basé sur des impressions virtuelles, suggérées par les supputations plus ou moins gratuites avancées, au conditionnel, par d’autres médias.

La vraie question centrale supposerait un examen de l’état réel du pays. Les gens lucides le demandent de plus en plus fortement.

Or, nous nous trouvons à un moment où l’étiquette patriotique a repris une certaine popularité. Elle fonctionne, hélas, à contre sens. Aucun penseur politique n’a plus fortement que Charles Maurras, ni plus intensément que lui, pensé en termes de patriotisme et il y a consacré des pages et des pages dont les meilleures se retrouvent dans son indispensable Dictionnaire Politique et Critique. (2)⇓

Or, contrairement à une partie de ceux qui, aujourd’hui, prétendent qu’ils continuent son combat, le mot véritable dont il habille sa doctrine est celui de nationalisme. Horresco referens nous dit Philippot pour qui nationaliste signifierait vouloir envoyer les chars à Berlin ! Maurras, qui pourtant avait beaucoup de mal à aimer fût-ce « quelques grands Germains candidats à la civilisation » (sic !!!), n’a jamais pensé en ces termes. Son nationalisme lutte contre l’ennemi intérieur, contre la décadence, contre la bêtise : cela fait déjà beaucoup de travail. Le nationalisme intégral, sous sa plume, est celui qui conclut à la nécessité de restaurer la monarchie.

Car le vrai patriotisme ce n’est pas celui du supporteur de l’équipe de France de rugby, c’est celui du citoyen qui se préoccupe de défendre le meilleur programme, les meilleures institutions susceptibles de redresser le pays.

À cet égard Maurras se montra toujours très critique à l’endroit de Paul Déroulède et de sa Ligue des Patriotes qui, sous la Troisième république, militent en faveur de l’élection du président au suffrage universel.

En 1908 il écrit : « L’élection du chef de l’État par le peuple nous a déjà livré en 1848, en 1852, 1870, à ces puissances de publicité et d’argent, à cet absurde gouvernement d’opinion… »« Le dictateur plébiscité est le serf de la ploutocratie comme Roossevelt (3)⇓

ou le serf de l’opinion publique comme Napoléon III. »

En 1909 il va jusqu’à conclure : « il va falloir sauver la France de Déroulède »

 

  1. Les trois volumes sont édités dans la collection Climats chez Flammarion. ⇑
  2. cf Cahiers de la Quinzaine, n° 11, 1899⇑
  3. il s’agissait de Théodore Roosevelt… ⇑